Carnet de bord d’une demandeuse de visa

Publié le 13 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Christine*, une Ivoirienne de 50 ans, rend visite à son fils, Patrick, qui vit en France depuis vingt ans et qui a la nationalité française. Pour obtenir son visa, elle s’est adressée au consulat de France à Abidjan. Mais tout commence en France avec le certificat d’hébergement que son fils doit fournir.
J +1 Patrick se rend à la mairie de son lieu de résidence pour obtenir un certificat d’hébergement. Surprise ! La liste des documents à présenter à l’administration française (bail de location, quittance de loyer, avis d’imposition, trois derniers bulletins de salaire) est plus longue que la dernière fois, en 2005. Mais surtout, et c’est nouveau, il doit payer 30 euros, une somme qui ne lui sera pas remboursée si la mairie refuse de lui donner ledit certificat.
J +3 Il dépose le dossier.
J +6 Le certificat d’hébergement est délivré et posté le jour même. Coût de l’envoi : 50 euros.
J +13 Le courrier arrive à Abidjan. Christine attend encore des papiers demandés auprès de diverses administrations ivoiriennes.
J +27 Christine se rend au consulat pour retirer le dossier de demande de visa. Mais il n’est disponible que sur Internet. On lui explique la procédure : pour déposer le dossier à l’ambassade, il faut prendre rendez-vous par téléphone auprès d’un centre d’appels qu’on ne peut joindre que muni d’un code secret délivré par une carte de téléphone Africatel (disponible dans certaines agences de la banque SGBCI. La carte coûte 5 000 F CFA pour douze minutes de conversation).
Aux abords de l’ambassade, un Ivoirien, Ernest, lui apprend que les délais pour un rendez-vous sont supérieurs à trois semaines, à moins de procéder autrement Pour 30 000 F CFA, il obtient n’importe quel rendez-vous. Christine accepte.
J +31 Christine se présente au consulat, à l’heure convenue, avec en poche : un formulaire de demande de visa de court séjour ; deux photographies d’identité ; son passeport et la copie des 5 premières pages ; le certificat de nationalité française de son fils ; la copie intégrale de l’acte de naissance de son fils ; ses trois derniers bulletins de paie ; ses trois derniers relevés bancaires ; l’attestation d’hébergement ; une assurance de voyage (coût : 51 640 F CFA) ; une attestation de travail ; une attestation de réservation d’un billet d’avion (coût : 485 000 F CFA)une attestation d’immatriculation à la Caisse nationale de prévoyance sociale ; 500 000 F CFA sous forme de chèques de voyage pour justifier de moyens d’existence pour la durée de son séjour. Le demandeur de visa doit disposer de 25 euros par jour. Christine se rendant en France pour un peu plus d’un mois, elle doit présenter également une carte bancaire permettant de retirer de l’argent en France.
Frais de dossier : 40 000 F CFA (60 euros).
Étant parente de ressortissant français, le visa lui est immédiatement accordé. Mais comme le billet d’avion a été réservé au début des démarches et n’a pas pu être confirmé à temps, il a été annulé. Tous les vols sont désormais complets à moins de payer 406 000 F CFA supplémentaires et de faire escale une journée à Ouagadougou puis à Casablanca. Après un mois de démarches administratives et surtout après avoir déboursé 1 575 000 F CFA (2 400 euros), Christine peut enfin rendre visite à son fils.

* Les prénoms ont été modifiés.

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