Vu d’Afrique : entre indignation et embarras

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

La presse africaine consacre assez peu de place dans ses colonnes aux commentaires sur la catastrophe. Les éditorialistes relèvent, comme ailleurs, la gestion calamiteuse du drame par les autorités. « Étonnante Amérique qui envoie des hommes sur la Lune, et des robots sur Mars, qui écrase le monde de sa puissance technologique et militaire, mais qui se retrouve toute fragile devant un cyclone, écrit le magazine burkinabè Le Pays. […] La grande leçon à retenir et dont George W. Bush devra faire un précepte de base, c’est la modestie et l’humilité. » Au Maroc, Hafid Fassi Fihri souligne, dans L’Opinion, l’impact des images de pillage, et dresse un parallèle avec celles de la chute de Bagdad, le 9 avril 2003 : « Elles prouvent que les vandales et les pilleurs, il n’y en avait pas seulement à Bagdad, mais aussi chez la première puissance du monde. »
Les journaux sud-africains insistent sur les fractures raciales de l’Amérique. The Star, un quotidien populaire très lu par la communauté noire, remarque que « la plupart des infortunés survivants qui ont rempli le Superdome de La Nouvelle-Orléans étaient noirs, alors que les résidents blancs plus riches ont pu fuir dans leur 4×4. » Cependant, même si beaucoup pensent que Katrina a révélé le racisme latent de la société américaine, peu osent l’écrire ou le dire ouvertement, ou alors avec beaucoup de prudence. Les officiels sont eux aussi restés très mesurés, à l’instar d’Adam Thiam, porte-parole du président de l’Union africaine (UA) Alpha Oumar Konaré, qui a déclaré : « Nous ne sommes pas indifférents, le cyclone a frappé un partenaire très important de l’UA, et une région peuplée par notre diaspora. » Mais en aparté, sous le couvert de l’anonymat, les réactions se font plus sévères : l’AFP rapporte ainsi les propos de responsables kényans et rwandais, deux pays amis de l’Amérique, scandalisés par la manière dont les victimes noires de cette tragédie ont été traitées. Le seul à ruer dans les brancards aura été le ministre zimbabwéen de l’Information, Chen Chimutengwende, qui a estimé que l’ouragan « avait mis en lumière le racisme de l’administration américaine à l’égard des Noirs ».

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