Rebecca Garang au service de la paix

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

« Dans notre culture, si vous tuez le lion, vous verrez de quoi la lionne est capable », a prévenu Rebecca Garang. Alors que les pleureuses s’effondrent aux obsèques de John Garang, le 8 août dernier à Juba, l’épouse du chef rebelle ne verse pas une larme. La cinquantaine énergique, elle préfère continuer l’uvre de son mari en appelant la population au calme, devant un parterre de chefs d’État africains. Dès l’annonce du décès de John Garang, qui, après plus de vingt ans de guerre contre le régime de Khartoum, venait d’être nommé vice-président du Soudan en vertu de l’accord de paix de janvier 2005, elle a démenti l’hypothèse d’un complot. Pour elle, la mort de son mari dans un crash d’hélicoptère, le 30 juillet, est bel et bien accidentelle : « Je lui avais demandé de ne pas embarquer à cause des conditions météorologiques dangereuses », a-t-elle même précisé. Ses déclarations n’ont toutefois pas empêché les débordements. Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue, à Khartoum et Juba le 31 juillet. Quatre jours de violence qui ont fait une centaine de morts.
Ses interventions pacifiques lui ont valu malgré tout les remerciements des anciens ennemis nordistes de John Garang ainsi qu’un appel téléphonique de George W. Bush. Le ministre de l’Information soudanais, Abdel Basit Sabdarat, l’a même érigée en symbole. Au cours des funérailles, il a déclaré publiquement : « Nous étions blessés. Mama Rebecca était là pour nous consoler, et elle est devenue un symbole pour notre pays. »
Comme son époux, Rebecca Garang jouit d’un fort charisme. Imposante, la tête couronnée d’une opulente chevelure noire et drapée dans ses boubous traditionnels, elle était de tous les meetings de l’ex-chef rebelle. Et n’hésitait pas à clore les discours de son mari en soulignant l’importance de l’éducation des filles et du respect de leurs droits. Elle le suivait également dans ses déplacements à l’étranger et a tenu à ce que leurs six enfants partent étudier aux États-Unis ou en Europe. Une de ses proches affirme qu’elle se démarquait dans une société pourtant patriarcale : « Les femmes ne sont pas souvent respectées dans notre culture. Mais Rebecca l’était, pour nous toutes. » Nommée commandant au sein du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), elle dirigeait des troupes tout en aidant à la construction d’orphelinats. Passée de l’ombre à la lumière, Rebecca Garang a aujourd’hui gagné l’affection des Soudanais. Et ils sont désormais nombreux à souhaiter qu’elle assume de hautes fonctions politiques.

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