Objectifs du millénaire : faut-il y croire ?

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Avec 180 chefs d’État ou de gouvernement attendus à New York pour célébrer les soixante ans des Nations unies, l’Assemblée générale de l’Organisation, du 14 au 16 septembre, est considérée comme une « rencontre historique ». Au menu : la réforme de l’ONU, mais aussi la lutte contre la pauvreté, cinq ans après l’adoption de la Déclaration du millénaire.
En 2000, l’ambition était alors clairement affichée : réduire de moitié ce fléau, lutter contre la faim, promouvoir l’éducation et améliorer la santé dans un monde où plus de 1 milliard de personnes disposent de moins de 1 dollar par jour pour survivre. Pour atteindre ces Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), une date butoir avait été fixée : 2015. Et une méthode retenue : affecter 0,7 % du Produit intérieur brut (PIB) des pays riches à l’aide publique au développement (APD), contre 0,25 % en 2004 – soit 78 milliards de dollars. Depuis, colloques, conférences au sommet, rapports et autres commissions se suivent et se ressemblent, avec toujours le même leitmotiv.
Face au défi de la misère, « l’année 2005 sera capitale », selon les propres termes du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, qui ajoute : « Un monde prisonnier de la pauvreté ne peut être un monde de paix. » Nous sommes en septembre. Qu’en est-il au juste ?
Lors du sommet du G8, en juillet dernier, à Gleneagles, en Écosse, les grandes puissances ont annoncé un doublement de l’aide destinée à l’Afrique, évaluée actuellement à 25 milliards de dollars. Mais le président américain George W. Bush a bien pris soin de préciser qu’il refusait de s’engager sur l’objectif des 0,7 %. Le G8, toujours, a confirmé l’effacement de la dette multilatérale de dix-huit des pays les plus pauvres (40 milliards), mais plusieurs États membres du Fonds monétaire international (FMI) ont aussitôt fait savoir qu’ils ne mettraient pas la main à la poche (Belgique, Pays-Bas, Suisse et Norvège). Le Premier ministre britannique Tony Blair, lui, a lancé son idée d’un emprunt international (IFF) pour récolter 60 milliards de dollars. Au final, le premier ballon d’essai va se contenter de 4 milliards consacrés à la santé et à la lutte contre le sida. La France, enfin, plaide pour l’instauration d’une « taxe pauvreté » sur les billets d’avion, mais à ce jour, seule une poignée d’États sont prêts à suivre Paris.
Dans ce contexte, que peut-on attendre de ce sommet mondial ? Pas grand-chose, si l’on en juge par les 700 amendements déposés par l’ambassadeur américain auprès des Nations unies, le néoconservateur John Bolton. Totalement hostile au projet de réforme de l’ONU, cet « Attila de la diplomatie » a sérieusement perturbé les négociations sur le projet de déclaration finale. Très remonté aussi contre les OMD, il aura tout fait « pour affaiblir les engagements pris dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, de l’aide au développement et de l’allègement de la dette », estime l’organisation non gouvernementale Oxfam. Pas de quoi être très optimiste.

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