Nuhu Ribadu

Chef de la Commission des crimes économiques et financiers, créée en 2002, ce Nigérian lutte contre la corruption sous toutes ses formes. Et au plus haut niveau.

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Au palmarès que publie chaque année l’ONG Transparency International, le Nigeria apparaît toujours parmi les champions mondiaux de la corruption. Si bien que lorsqu’en 2003 le président Olusegun Obasanjo nomme Nuhu Ribadu à la tête de la nouvelle institution de lutte contre les crimes financiers (Economic Financial Crimes Commission, EFCC), sa décision suscite plus de critiques que de louanges. La corruption, disait-on alors, est une seconde nature dans la classe politique et l’administration, et ce n’est pas cet obscur officier de police qui pourra y mettre fin. Deux ans après, et au vu des résultats de l’EFCC, la presse indépendante nigériane ne tarit pas d’éloges sur Ribadu. Celui-ci a osé ordonner des enquêtes sur des « intouchables » et même traîner devant la justice son ancien supérieur hiérarchique, l’inspecteur général Tafa Balogun. Le 4 avril 2005, l’ancien chef de la Nigerian Police Force est arrêté et, menottes aux poignets, déféré devant la Haute Cour fédérale. Au cours de son procès, il devra répondre d’au moins 70 chefs d’accusation pour fraude, blanchiment d’argent, extorsion et détournement de fonds. Il est passible au total de plus de cent cinquante ans de prison.
Âgé de 45 ans, juriste diplômé de l’université Ahmadu-Bello de Zaria et de la Nigerian Law School, Nuhu Ribadu s’est engagé à l’âge de 26 ans dans la police. Le « monsieur Propre » du Nigeria y a gravi les échelons avant d’en diriger le département juridique, et de se perfectionner à la faveur de sa coopération poussée avec Interpol et les services de sécurité occidentaux. Silhouette frêle, lunettes d’intellectuel, fine moustache, il est en passe de devenir un modèle pour les générations montantes. Lui se définit humblement comme un professionnel en mission. Un professionnel qui place son action non pas dans les limites étriquées d’une vision sécuritaire, mais dans une perspective plus large de bonne gouvernance, de lutte contre la pauvreté, de démocratie et de droits de l’homme. Depuis son bureau d’Abuja, fortement gardé par les forces de sécurité, il dirige les 550 agents qui composent son équipe de choc.

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