L’honneur est sauf
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Paul Volcker, le président de la Commission d’enquête indépendante sur les dérives du programme onusien Pétrole contre nourriture, a rendu son rapport final au Conseil de sécurité le 7 septembre. Il y affirme qu’aucune preuve de malversation, népotisme ou corruption n’a été trouvée contre le secrétaire général des Nations unies, mais que Kofi Annan peut être tenu pour responsable des graves erreurs de gestion.
L’intégrité du Ghanéen, remise en question depuis plus d’un an, notamment par la Maison Blanche et la presse américaine, est donc sauve. Le rapport ne demande pas sa démission, contrairement aux faucons de l’administration Bush. L’avenir de l’ONU demeure en revanche incertain. Paul Volcker réclame avec vigueur une réforme en profondeur, que Kofi Annan appelle aussi de ses voeux, prépare depuis plus d’un an dans la perspective du sommet mondial, les 14 et 15 septembre, à New York, et veut voir aboutir avant la fin de son mandat, en novembre 2006.
Pour parer à toute critique, Kofi Annan a tenu, dès le 7 septembre, à faire amende honorable après la lecture du rapport de 900 pages, qui, a-t-il estimé, le « vise personnellement ». Il a reconnu sa responsabilité dans les dérives du programme Pétrole contre nourriture. Des responsabilités partagées avec le Conseil de sécurité, une administration trop bureaucratique et un régime irakien manipulateur. Le programme, qui a fonctionné de 1996 à novembre 2003, était destiné à atténuer les conséquences sur la population de l’embargo international imposé à l’Irak de Saddam Hussein. S’il a été plutôt efficace, réduisant notamment la malnutrition, le programme de 64 milliards de dollars a donné lieu à des détournements d’un montant minimum de 4,5 milliards de dollars, sans toutefois que le raïs déchu puisse en profiter pour augmenter son arsenal militaire. Mal équipés face à un programme si lourd à gérer, le secrétaire général et son adjointe Louise Fréchette n’ont pas tiré la sonnette d’alarme. C’est ce qu’on leur reproche aujourd’hui.
Fragilisé par le scandale Pétrole contre nourriture, Kofi Annan se sort donc d’une mauvaise passe. C’est sans l’aide ni l’aval du père que le fils, Kojo, aurait utilisé son nom de famille afin d’aider la société pour laquelle il travaillait, la Cotecna, à obtenir des contrats dans le cadre du programme.
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