Les secrets inavouables de la sengamines

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Dès 2002, la Sengamines a été mise en cause par des experts de l’ONU chargés d’enquêter sur le pillage des ressources naturelles congolaises. Mais, à travers elle, c’est son principal actionnaire, Oryx Natural Resources, qui était directement montré du doigt.
La Sengamines a été créée à partir d’une concession arrachée à la Miba pour rémunérer le Zimbabwe de son soutien militaire à la RD Congo lors de la guerre contre le Rwanda et l’Ouganda. En guise d’indemnisation, les forces armées du Zimbabwe – via la société Osleg (Operation Sovereign Legitimacy) – ont alors obtenu 49 % de la Sengamines. Le régime zimbabwéen décida alors de confier la gestion de la concession à Thamer al-Shanfari, un homme d’affaires omanais, diplômé de l’École des mines du Colorado, rencontré lors de la visite d’une délégation du sultanat d’Oman à Harare. Shanfari crée en 1999 le holding Oryx Natural Resources. En juin 2000, ses liens avec les forces armées du Zimbabwe empêchent son introduction à la Bourse de Londres, du fait de la présence d’Osleg dans son capital. Selon le rapport de l’ONU publié en octobre 2002, Oryx, qui a hérité des parts d’Osleg dans la Sengamines, serait en réalité « une société écran » assurant le portage pour le compte des ZDF (Zimbabwe Defense Forces). D’aucuns soupçonnent un accord de partage des bénéfices – jamais prouvé – selon lequel Oryx se serait engagé à reverser à Osleg 60 % des bénéfices issus de la concession. Des bénéfices qu’auraient perçus ensuite les véritables propriétaires d’Osleg, à savoir quatre proches de Mugabe détenant chacun 2 500 actions de l’entreprise. Et, parmi eux, Vitalis Zvinavashe, l’ancien chef d’état-major des ZDF, selon le quotidien sud-africain The Financial Gazette.
Moins de pudeur en revanche en ce qui concerne les Forces armées congolaises (FAC). À l’origine, celles-ci devaient toucher les bénéfices de la Comiex (Compagnie d’import-export), actionnaire à hauteur de 33,8 % dans le capital de la Sengamines, explique l’ONG Global Witness. En janvier 2003, la participation de la Comiex est transférée à l’État congolais. Sous la pression du FMI, l’État se désengage à son tour en juillet 2003 de la Sengamines. Ce qui permet à Oryx d’accroître sa participation à hauteur de 80 % de la Sengamines. Robb Scott, le directeur financier d’Oryx, reconnaît que sa société a effectivement récupéré « gracieusement » les parts d’Osleg et de la Comiex dans la Sengamines, une concession d’une valeur estimée en son temps à 2 milliards de dollars. Le directeur financier d’Oryx justifie ce tour de passe-passe financier par une décision politique de haut niveau : le Zimbabwe et le Congo auraient tous deux voulu se désengager du holding. Difficile de croire à un acte philanthropique. On aimerait tout de même savoir si les actionnaires d’Osleg ont touché de juteux bénéfices sur les diamants de la Sengamines. Ou encore si le Zimbabwe a finalement payé de sa poche l’effort de guerre consenti en faveur de Kinshasa.

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