Est-il vrai que le Brésil est le pays qui mène le mieux la lutte contre le sida ?

Question posée par Théo Mousnitec, Levallois, France

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

L’Ouganda, où le taux d’infection de la population est tombé de 13 % au début des années 1990 à 4,1 % fin 2003, le Sénégal et la Thaïlande sont les rares pays cités en exemple par l’Onusida pour montrer que la riposte à l’épidémie de VIH-sida est possible. Mais les résultats sont loin d’y être consolidés. Le Nord étant à part, le Brésil est le seul pays réellement menacé qui ait su s’organiser au plan national. Vers 1990, on prévoyait qu’il compterait, en 2000, 1,2 million de séropositifs. En 2005, on n’en dénombre que la moitié : environ 600 000 sur une population de 184 millions d’habitants. Comment a-t-il fait ?
D’abord, il a voté une loi qui donne à tous les résidents le droit à un traitement gratuit. En 2005, l’État dépensera 395 millions de dollars pour acheter des antirétroviraux, dont près des deux tiers pour des médicaments sous brevet, très coûteux. Il a donc utilisé toutes les astuces juridiques possibles, face aux grands laboratoires, pour acheter ou fabriquer des génériques, ou se procurer à bas prix les antirétroviraux indispensables.
Parallèlement, il a fait en sorte qu’hôpitaux et cliniques soient facilement et ouvertement accessibles pour les tests de dépistage, et qu’on évite cette stigmatisation qui joue un rôle si néfaste en Afrique subsaharienne. Et les pouvoirs publics n’ont pas hésité à faire appel aux bonnes volontés. Il y avait, en 1992, 120 associations qui se consacraient à la lutte contre le sida : elles étaient 500 en 2001.
Enfin et surtout, on ne fait pas de manières. On joue à fond sur la carte de la prévention. Dans ce pays catholique, on distribue gratuitement des préservatifs à foison : 20 millions par mois et 50 % de plus en février, pour le Carnaval de Rio. Les « professionnels du sexe », comme dit l’Onusida, sont vivement encouragés pour en imposer l’usage. Gratuites encore les seringues pour les drogués, dont les trois quarts jurent qu’ils n’utilisent pas deux fois la même, donc ne transmettent pas le virus.
Trop généreuses, ces mesures ? Le gouvernement brésilien a calculé qu’entre 1996 et 2002, il avait dépensé 1,8 milliard de dollars pour l’achat d’antirétroviraux, mais que sans le coup de frein imposé à l’épidémie, on aurait, pour la même période, dépensé 2,2 milliards de dollars dans les hôpitaux. Sans chiffrer les pertes économiques qui ont été évitées et les années gagnées en espérance de vie par la population.

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