Espace culturel de Carthage : naissance et renaissance

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Dans les années 1960, Carthage décida qu’il était temps d’avoir un cinéma. La Marsa, La Goulette [deux autres cités de la banlieue Nord de Tunis] avaient le leur depuis longtemps. La cité-reine avait-elle été oubliée des amateurs du septième art ? Jos Cohen, architecte à qui l’on devait déjà le cinéma Le Mondial, conçut donc pour les Carthaginois une salle ovoïde, conviviale, agréable où l’on découvrait le plaisir exotique d’aller au cinéma sans descendre en ville.
Quelques années plus tard, on dut se dire que cet espace était peut-être par trop moderne dans ce paysage antique, et on l’adoucit d’une colonnade. Cinéma au quotidien, théâtre par la suite, la destinée du lieu allait peu à peu se réduire comme peau de chagrin. Devenu Mad’Art et confié au théâtre Phou, il se maintint vaille que vaille, plutôt mal entretenu – mais la culture, on le sait, se vend mal -, jusqu’à aboutir il y a quelque temps à une impasse. Le cinéma-théâtre menaçait ruine. Il fallait trouver une solution. Le président de la République, qui est le premier citoyen de Carthage, trancha.

Il fallait que ce lieu revive, qu’il se développe et qu’il devienne l’espace culturel qui manquait à la cité. Un théâtre, certes, mais aussi un lieu de création, d’exposition, de rencontre, de lecture. On a donc vu les palissades s’élever, les fondations se creuser, et très vite naître d’élégants volumes et de beaux espaces dont on nous annonce l’ouverture prochaine. On ne sait pas encore comment s’appellera ce qui fut Mad’Art. Mais on sait déjà qu’il couvrira quelque 2 000 m2.
Un théâtre à l’italienne de 270 places constituera le noyau central de ce complexe. Outre le théâtre, il y aura une grande salle polyvalente et multifonctionnelle qui pourra servir de salle de répétition, de galerie d’art ou de salle de spectacle pour certaines créations modernistes. Dans ce complexe culturel, on a également prévu une librairie-bibliothèque et un café-théâtre.
Sahbi Gorgi, l’architecte à qui a été confiée la réalisation de cet ensemble, a compris que, dans un site aussi grandiose que celui de Carthage, il fallait être humble et ne pas jouer le mimétisme. Aussi a-t-il choisi une approche moderne, tout en respectant un registre classique au niveau des proportions de l’entrée principale.
Pour le reste, utilisant la pierre de Salakta, dont la matière et la couleur douce offrent une certaine monumentalité, il joua sur les ombres et les lumières, les transparences et les lignes, créant ainsi une volumétrie et donnant au bâtiment une vie diurne et une vie nocturne.

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Cet espace culturel se veut avant tout ouvert sur la ville, la rue, le public. Il n’y aura donc pas de clôture, mais des espaces gazonnés, accueillants où l’on pourra venir se reposer, lire, étudier ou simplement regarder ce qui se passe.
Un détail à signaler : le supermarché voisin, qui est en cours de réfection, a choisi de s’inspirer de la volumétrie du théâtre et d’adapter le même parti pris de façade. Ce sera donc là un espace uniforme.

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