[Chronique] Fally Ipupa et sa très chère Saint-Valentin camerounaise

Au Cameroun, une controverse enfle sur les tarifs du concert du Congolais Fally Ipupa à l’occasion de la fête des amoureux…

Glez

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Publié le 12 février 2021 Lecture : 2 minutes.

Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. La flamme d’un entiché pourrait donc être mesurée au gabarit d’une cuisse de poulet DG ou à la dimension d’un flacon de parfum. Dans cette foire aux sentiments, l’institutionnelle Saint-Valentin apparaît comme le test simultané de toutes les romances en cours. Pour peu que la « Valentine » soit sensible aux vibrations musicales en live, le « valentin » doit donc voter un budget « concert » digne du 14-février…

Mais le portefeuille a ses raisons que l’amour ne connaît pas, semblaient regretter certains, ces derniers jours, à l’annonce des tarifs de tickets pour un show case de Fally Ipupa au Katios Night-Club de Yaoundé, à l’occasion de la fête des amoureux : jusqu’à 1 million de francs CFA la place ! Sans oublier que la bouteille d’eau minérale coûtera, ce jour, 20 000 francs, soit un peu plus de 30 euros. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux bruissent de messages outrés de mélomanes refusant de se faire tondre. Contextualisant la prestation musicale dans l’ère du Covid, le journaliste Alex Gustave Azebaze évoque des tarifs « à la limite de la provocation ».

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Indignation patriotique

L’entourage d’«El Profesor » rappelle que certaines places de ce show-case sont à « seulement » 350 000 francs CFA, et que des concerts à la Salle Canal Olympia de Douala et au Palais polyvalent des sports de Yaoundé proposaient des tickets d’entrée entre 5 000 et 100 000 francs. En décembre dernier, l’auteur de « Tokooos » avait même accepté de participer à un concert gratuit à Bouaké…

En 2016, l’Américaine Beyoncé avait annulé sa venue en Côte d’Ivoire après avoir demandé un cachet de 4 millions de dollars.

Certes, le phénomène des stars internationales onéreuses – parfois « mécaniquement » du fait des différences de niveau de vie entre les pays – n’est pas nouveau. En 2016, l’Américaine Beyoncé avait annulé sa venue en Côte d’Ivoire. Elle demandait un cachet de 4 millions de dollars…

Les stars internationales et les vedettes locales évoquées, le débat a rapidement viré à l’indignation patriotique. L’universitaire Richard Makon, cité par Cameroon-Info.Net, déplore qu’aucun « artiste camerounais, hormis Petit Pays ou Ben Decca » ne puisse aujourd’hui « remplir une salle de classe à 15 000 francs CFA la place de concert ». C’est une trompette différente qu’embouchait A’Salfo, lors du séjour ivoirien de Fally Ipupa. Le leader de Magic System déclarait qu’un chanteur est naturellement « plus cher dehors que dans son pays ». Solidarité d’artiste ou dédouanement de l’organisateur du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) ?

Les requins du showbiz, eux, se contentent d’appliquer la grille de lecture libérale classique : si Fally Ipupa remplit les salles à de tels tarifs, gloire à la loi de l’offre et de la demande. Le 15 février, l’audience camerounaise du chanteur nous édifiera peut-être…

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