De la honte au scandale

Publié le 12 septembre 2005 Lecture : 1 minute.

Les statistiques officielles sont formelles : le nombre des Américains pauvres s’est accru l’an dernier de 1,1 million de personnes. Alors qu’il avait très sensiblement
diminué à l’époque de Bill Clinton, il a progressé de 17 % depuis l’arrivée de Bush à la Maison Blanche. Si le spectacle des cadavres boursouflés jonchant les rues de La Nouvelle-Orléans est tout simplement honteux, il est encore plus scandaleux que le taux de mortalité infantile soit deux fois plus élevé à Washington (11,5 en 2002) qu’à Pékin (4,6 ). De même, selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), un bébé africain-américain né dans la capitale fédérale a moins de chances de survivre qu’un bébé né dans une zone urbanisée de l’État de Kerala, en Inde.
Pour la première fois depuis 1958, le taux de mortalité infantile se détériore, les États-Unis n’arrivant plus qu’au 43e rang mondial. Partageraient-ils la première place avec
Singapour que la vie de 18 900 enfants serait chaque année épargnée. En un sens, les enfants pauvres évacués en catastrophe de La Nouvelle-Orléans ont de la chance : ils vont pouvoir être vaccinés et subir des examens médicaux, ce qui est très loin d’être le cas de tous les enfants américains. Seuls 29 % de ces derniers ont bénéficié d’une couverture
sociale au cours des douze derniers mois. Les États-Unis n’occupent que le 84e rang mondial pour le taux de vaccination contre la rougeole. Et le 89e rang s’agissant de la polio. Bien sûr, les solutions ne vont pas de soi. Comme disait Ronald Reagan, « nous avons déclenché une guerre contre la pauvreté ; et c’est cette dernière qui l’a gagnée
». Mais ce pessimisme n’en reste pas moins déplacé : au cours des années 1990, nous avions fait d’indéniables progrès.

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