Capote interdite ?
L’administration américaine est accusée d’entretenir la pénurie de préservatifs.
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La capote à l’origine d’une crise diplomatique ? On pourrait presque le penser, au vu des échanges acerbes qui fusent, par presse interposée, entre le ministère ougandais de la Santé, l’administration Bush et l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Afrique pour le VIH-sida, Stephen Lewis. La pénurie de préservatifs qui sévit actuellement en Ouganda en a été le détonateur. Et les États-Unis en seraient responsables. C’est du moins l’opinion de Stephen Lewis, pour qui l’idéologie chrétienne conservatrice qui régit la politique de Washington en la matière – soit le President’s Emergency Plan for HIV/Aids Relief (Pepfar) – risque de nuire à la lutte contre la pandémie. « Il est évident que la crise du préservatif en Ouganda est causée et aggravée par les politiques extrémistes que l’administration américaine met en oeuvre en prônant l’abstinence », estime-t-il. Reste qu’une association des droits de l’homme a révélé que les États-Unis ont plus que doublé, en cinq ans, les subventions consacrées aux campagnes en faveur de l’abstinence. Au total, 8 millions de dollars auraient été dépensés en Ouganda. Or ce pays s’était jusque-là démarqué par l’efficacité de son combat contre la propagation du virus. En une décennie à peine, le taux de prévalence est passé de 30 % à 6 % grâce au programme ABC (abstinence, fidélité et, à défaut, usage du préservatif).
Mais il semblerait que Kampala ait cédé aux discours américains. En 2004, lors d’une conférence sur le sida, Museveni a ouvertement critiqué l’utilisation de la capote. Au même moment, le ministère de la Santé retirait de la distribution une importante quantité de préservatifs de la marque Engabu au motif qu’ils sentaient mauvais. Aucune alternative n’a été proposée. Pis, le prix du condom a triplé. Si bien qu’un nombre croissant d’hommes préfèrent le confectionner eux-mêmes à partir de sacs en plastique. Seuls huit millions de préservatifs sont distribués gratuitement, alors qu’il en faudrait dix fois plus. Face à la pression internationale, le ministre de la Santé, Mike Mukula, a finalement annoncé le 6 septembre que 20 millions de préservatifs allaient être mis d’urgence à la disposition des Ougandais.
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