Renouer le fil

Européens et Africains tentent de s’entendre avant le sommet de l’OMC fin juillet, à Genève.

Publié le 12 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

« Ne pas remettre aux calendres grecques la mise en oeuvre du plan européen en faveur du coton. » La formule, lancée par le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy, a fait son petit effet au Forum Union européenne-Afrique, consacré au sujet. La rencontre était organisée les 5 et 6 juillet à Paris, dans un climat d’urgence : le conseil général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se tient les 27 et 28 juillet à Genève.
L’Union européenne, qui a adopté un « plan d’action » bénéfique aux producteurs africains, espère ainsi gagner le soutien des pays du continent sur d’autres dossiers. Ce plan prévoit la suppression progressive des aides à la production cotonnière européenne à partir de 2006, et l’aide aux pays africains en matière d’innovations technologiques, de gestion des risques de variation des cours, d’élaboration de stratégies nationales et d’insertion dans le commerce international. Une démarche bien accueillie, mais qui est loin d’éliminer à elle seule toutes les distorsions du marché mondial, les États-Unis et la Chine accordant un important soutien financier à leurs producteurs.
L’organe de règlement des différends de l’OMC, saisi par le Brésil, a estimé en juin que les subventions à la production (3,1 milliards de dollars) et les crédits à l’exportation (1,6 milliard) octroyés par Washington en 2002 étaient illicites. Les États-Unis ont fait appel pour gagner du temps, et réfléchissent à la mise en conformité de leur régime.
Forts du verdict de l’OMC et de la solidarité retrouvée en septembre 2003 à Cancún, les pays africains souhaitent obtenir des compensations financières et un traitement spécifique de la question cotonnière, indépendamment des négocations d’ensemble sur le volet agricole. Se sentant soutenus par les médias et l’opinion publique, ils espèrent infléchir les positions des pays riches.
« Le coton occupe une place spécifique dans la politique de développement de nos États, particulièrement dans les pays sahéliens, où il peut représenter jusqu’à 70 % des revenus d’exportation », explique Fatiou Akplogan, ministre béninois de l’Industrie, du Commerce et de la Promotion de l’emploi, et porte-parole du comité ministériel ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) de suivi du dossier coton. L’or blanc fait vivre 10 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et centrale. La production de fibre, quasi inexistante il y a cinquante ans, est aujourd’hui de plus de 1 million de tonnes, et cette zone s’est hissée au rang de deuxième exportateur mondial, derrière les États-Unis.
Il semble pourtant peu probable que les Africains obtiennent un traitement différencié de la question du coton dans les négociations de l’OMC, les Européens et les Américains y étant hostiles. « Nous ne traitons pas d’un seul produit car il y a toujours un gagnant et un perdant. Les Africains auraient plus de chance d’obtenir satisfaction en négociant dans le cadre global du volet agricole », explique un expert français des Affaires étrangères.
Les pays de l’OMC parviendront-ils à s’entendre ? Les négociations sont mal engagées si l’on ne parvient même pas à se mettre d’accord sur le cadre des discussions. Et puis, si l’Union européenne a fait un grand pas en faveur des producteurs africains, les États-Unis n’ont encore soumis aucune proposition et ne semblent pas prêts à supprimer leurs subventions, surtout en période électorale. La position des Africains se résumera-t-elle à bloquer les négociations, en attendant la nomination du nouveau président américain en novembre prochain ?

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