Nuits étoilées

Loin de la saturation, l’activité demeure rentable au Maghreb comme au sud du Sahara.

Publié le 12 juillet 2004 Lecture : 3 minutes.

Le 11 septembre 2001 et la guerre d’Irak ne sont plus qu’un lointain souvenir pour les grands groupes hôteliers. Partout, le ton se veut à la reprise des activités et des investissements, particulièrement en Afrique. Quatre pays africains seulement comptent plus de 40 000 chambres répondant aux standards internationaux : l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. Partout ailleurs, les installations sont très loin de refléter les ambitions des pouvoirs publics et de répondre à l’essor du nombre de visiteurs. Résultat : les projets se multiplient et concernent toutes les formes d’hôtellerie. En Afrique du Nord, les opérateurs bénéficient du soutien actif des pouvoirs publics. Les autorités marocaines ont mis en place une stratégie visant à atteindre 10 millions de visiteurs étrangers en 2010, notamment via le développement des activités sur la côte Atlantique. Le britannique InterContinental, surtout implanté en Afrique du Sud, pourrait en profiter pour mieux se positionner dans la région. Les yeux se tournent également vers la Libye, qui devrait accueillir très prochainement les enseignes hôtelières étrangères, préalable à l’ouverture des frontières aux touristes occidentaux. La décision politique est prise, reste à la mettre en oeuvre. Si aucun acteur du secteur ne dévoile à ce jour de projets précis, plusieurs avouent étudier le pays de près.
Après Accor, Hilton et Le Méridien, le groupe américain Starwood fait ses premiers pas en Algérie, avec l’ouverture prévue d’un Sheraton à Oran et d’un Westin à Alger. Reste que cette manne de projets en Afrique du Nord cache une profonde mutation du paysage hôtelier. L’arrivée à saturation de certaines zones, comme les complexes tunisiens d’Hammamet et de Djerba ou certains « spots » égyptiens en mer Rouge, a sonné le glas des politiques de développement tous azimuts, au profit d’initiatives privilégiant la qualité. La Tunisie a trouvé une parade, en couplant des installations hôtelières et cliniques pour miser sur l’essor du tourisme médical.
Et l’Afrique subsaharienne ? En l’absence d’un véritable plan de développement du tourisme, et donc d’un intérêt suffisant des grands tour-opérateurs, l’Afrique de l’Ouest et centrale restent marginales dans la stratégie des grands groupes. « Même si certains pays comme le Burkina ou le Sénégal font de réels efforts en faveur du tourisme, le développement de l’hôtellerie est limité en raison de l’enclavement de la région et de la faiblesse des liaisons aériennes », résume Philippe Séguin, directeur Afrique subsaharienne chez Accor, qui compte sur sa marque Ibis pour accompagner l’éclosion du tourisme dans la zone.
En fait, l’activité hôtelière repose essentiellement sur la clientèle d’affaires, qui compte jusqu’à 80 % du marché d’Hilton ou de Hyatt International et jusqu’à 92 % du réseau d’Accor. Avec 14 milliards de dollars d’investissements directs étrangers en 2003, une croissance économique de 4,8 % prévue par le FMI en 2004, l’Afrique attire de plus en plus les hommes d’affaires. Ce qui se traduit par un accroissement des besoins en infrastructures. C’est notamment le cas dans les zones en forte croissance, comme l’Angola ou la Guinée équatoriale. Hilton projette ainsi d’implanter des établissements à Malabo et à Luanda. Le Méridien, leader de l’hôtellerie d’affaires en Afrique francophone, lorgne, de son côté, l’Afrique australe. Par ailleurs, la croissance économique viabilise peu à peu l’installation des complexes dans des pays encore récemment réputés non rentables. L’ouverture en avril 2004 à Bamako d’un Sofitel, la marque haut de gamme du groupe Accor, témoigne des perspectives de développement des activités sur le continent.
À l’exception de l’Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, du Maghreb, le développement de l’hébergement haut de gamme semble laisser peu de place à des groupes locaux. Par manque de capitaux et de savoir-faire, les pouvoirs publics déroulent le tapis rouge pour attirer les grands groupes, seuls à même de dynamiser un paysage concurrentiel local souvent sous-développé. Qu’il se fasse par la création d’entités ad hoc ou par le biais d’opérations de privatisation, l’implantation des grands groupes est généralement une bonne affaire. À l’exception de Casablanca et du Caire, le marché est loin d’être saturé. Il est même particulièrement juteux dans les destinations d’affaires secondaires, très peu concurrentielles, notamment à proximité de zones pétrolières. Résultat, l’Afrique offre des marges parfois supérieures au reste du monde, pour un gisement de croissance élevé. Le développement de l’hôtellerie n’est donc pas près de s’arrêter.

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