Les pieds-noirs sont de retour
Plus de quarante ans après leur départ, ils reviennent visiter le pays où ils sont nés.
Un peu plus d’un million d’Européens ont quitté l’Algérie entre 1958 et 1964, soit avant et après l’indépendance acquise en 1962. Depuis, peu nombreux sont les pieds-noirs à être revenus sur leurs lieux de vie. Mais le vent du changement souffle. L’Oranie, région à forte population européenne pendant la période coloniale, accueille de nouveau ses anciens résidents.
« Nous constatons un retour des pieds-noirs depuis décembre 2003, explique Lahcène Tidjani, directeur du Tourisme de la wilaya d’Oran. Nous avons organisé des groupes tests avec des responsables d’associations de pieds-noirs en France, et nous avons ensuite programmé deux à trois groupes de 30 à 50 personnes par mois. Depuis janvier 2004, nous avons ainsi accueilli 600 pieds-noirs et, après la saison estivale, nous comptons « chartériser » la ligne. Nous recevrons alors une moyenne de 150 personnes par semaine. »
Les membres de l’association La Familia, basée à Marseille, seront parmi les premiers à faire le voyage. Le président, José Bueno, voulait revenir « pour l’amour du pays ». Sur son site Internet personnel, il raconte avec émotion son voyage à Oran, à la fin d’avril 2003. Ce qu’il appelle son « pèlerinage ». « C’est la première année que les pieds-noirs reviennent aussi nombreux, mais cela fait un moment que certains voyagent seuls ou avec des amis. Ils montent à la chapelle de Santa-Cruz, vont dans leurs anciens quartiers, dans les cafés qu’ils avaient l’habitude de fréquenter, et retrouvent souvent de vieux amis. Oran, c’est leur ville », explique Massinissa Ourabah, jeune guide indépendant. « La plupart sont très émus et pleurent. Ce sont généralement des gens d’un certain âge, mais ils repartent tous avec la promesse de revenir accompagnés de leurs enfants et petits-enfants. » Lahcène Tidjani explique que ces séjours, qui durent une semaine, sont l’occasion de « vraies retrouvailles avec les Algériens. Oran est une ville connue pour sa convivialité, où les gens sont réputés pour leur hospitalité. »
Plusieurs agences de voyages, comme Maghreb-Tourisme et Missghin Tours, se sont spécialisées dans l’accueil de ces touristes particuliers. Les visites les plus populaires passent par le quartier de Sidi Houeri, les plages des Andalouses, les cimetières, ainsi que le musée et l’opéra d’Oran. Mais certains pieds-noirs ont aussi des attaches à Tlemcen, Mascara, Sidi Bel-Abbès, ou Mostaganem. « Nous pensons développer des prestations spécifiques pour les pieds-noirs, car leur retour est bénéfique pour Oran et pour le pays », indique Lahcène Tidjani. Le pèlerinage à Notre-Dame-de-Santa-Cruz, qui, depuis 1850, avait lieu chaque année le jour de l’Ascension, devrait ainsi renaître. Une manière de combiner le tourisme religieux, culturel et… la nostalgie.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Ilham Aliyev, l’autocrate qui veut « dégager » la France d’Afrique
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- De Yaoundé à l’Extrême-Nord : voyage sur les routes de l’impossible
- En Guinée, Mamadi Doumbouya élevé au grade de général d’armée
- Au Kenya, l’entourage très soudé de William Ruto