Armement : la Tunisie, porte d’entrée de la Turquie sur le continent ?
Depuis 2017, la Turquie parvient à passer des accords de coopération militaire avec les gouvernements tunisiens successifs. Une stratégie de long terme, qui vise aussi la conquête des marchés d’armements africains.
Début mars 2020, Djerba. Le salon militaire et aéronautique, l’International Aerospace and Defense Exhibition, a été rattrapé par la crise du Covid-19. Beaucoup d’industriels internationaux ont finalement décidé de bouder le rendez-vous sur l’île tunisienne. Pas les exposants turcs. C’est que « l’accord de défense entre la Turquie et la Tunisie signé il y a trois ans a littéralement sauvé l’armée tunisienne de la banqueroute. Le prêt que nous accordons représente une contribution importante à leur budget de défense annuel », glisse l’un d’eux.
L’accord signé en décembre 2017 à Tunis, sous les auspices des présidents Béji Caïd Essebsi et Recep Tayyip Erdogan, comporte deux volets : la formation de militaires tunisiens en Turquie, et surtout un accord portant sur les investissements d’Ankara en Tunisie. Comprendre : un accord destiné à importer du matériel militaire turc.
Notre interlocuteur ne s’en cache pas : « C’est une aubaine pour l’industrie militaire turque qui valide ses succès à l’export et son irruption dans le palmarès des grandes nations exportatrices d’armes. »
Client privilégié
Trois ans plus tard, en décembre 2020, ce sont en effet pas moins de 150 millions de dollars qui sont proposés par la Turquie à la Tunisie sous forme de prêts sans intérêts contre achat de matériel militaire turc. L’agence de crédit aux exportations turque Eximbank, notamment, finance l’opération à hauteur de 80 millions de dollars.
L’accord de défense ratifié par le ministère tunisien de la Défense et l’agence nationale turque d’industrie de défense SSM (aujourd’hui Savunma Sanayii Baskanligi, ou SSB) comprend aussi une coopération dans l’industrie militaire et le transfert de technologie, faisant de Tunis un client privilégié de l’industrie militaire turque dans la région.
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