Galère ordinaire…

Publié le 12 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Un sommet, quel qu’il soit, c’est bien souvent la galère pour les participants « ordinaires », qui doivent affronter d’inextricables problèmes d’organisation. Celui d’Addis-Abeba n’a pas échappé à la règle. Loin s’en faut. En effet, certains VIP, délégués, invités personnels d’Alpha Oumar Konaré, ambassadeurs plénipotentiaires et autres représentants onusiens se sont trouvés victimes de la réquisition des hôtels sur ordre du gouvernement éthiopien. Dès le 2 juillet, les locataires des Hilton et Sheraton, les deux meilleurs établissements de la ville, ont été priés de faire leurs bagages. Malheur aux récalcitrants : en revenant dans « leur » chambre, ils n’ont pu que constater la disparition de leurs effets personnels et… la présence d’un autre occupant, si ce n’est d’une occupante. Force était donc de se rabattre sur des endroits moins chic, voire beaucoup moins chic, où – mais est-ce une surprise ? – les prix s’envolaient vers des cimes jamais atteintes et où, mutatis mutandis, l’amabilité du Thénardier local se faisait chiche, selon la loi des vases communicants.

Côté circulation, c’étaient évidemment des embouteillages sans fin, toute rationalité ayant abandonné l’esprit des autorités municipales. Nonobstant leurs quarante ans d’expérience des grands-messes de l’OUA, les édiles ont même cru bon de pimenter la situation en organisant, à la veille de l’arrivée des chefs d’État, une sorte de « répétition générale ». Toutes les voies d’accès menant de l’aéroport aux résidences ont donc été évacuées plusieurs heures pour permettre à de grosses Mercedes (vides), accompagnées de motards (sirènes hurlantes), de foncer vers des tapis rouges (tout neufs).

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Un aperçu, pour le citoyen lambda, de ce qui allait être son lot pendant quatre jours. Gare à l’homme d’affaires pressé, détenteur d’un badge rose – arraché de haute lutte -, alors qu’il en faut un jaune pour pénétrer dans telle enceinte. Il lui faudra salir son costume en pataugeant dans la boue d’un parking obligatoire, s’essouffler dans l’oxygène rare altitude ou pollution ? – à grimper à pied le long des rues, et recevoir sur la tête l’un des épouvantables orages qui balancent depuis un ciel plombé des grêlons gros comme des oeufs (de caille). Au pays où la bureaucratie est reine, où la seule signature d’un sous-chef de service cacochyme peut revêtir l’aura d’un autographe de Mandela, la patience et la résignation sont des vertus cardinales. Reste à savoir si ce sont les ingrédients du progrès.

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