Start-up : de l’Égypte à Maurice, quels sont les pays africains les plus « matures » ?

Jeune Afrique passe à la loupe les nouveaux écosystèmes d’innovation. Plongée graphique dans la data de la très tonique tech africaine.

Dans les bureaux de la start-up Touch, plateforme agrégeant divers opérateurs de paiement sur mobile. © Youri Lenquette pour JA

Dans les bureaux de la start-up Touch, plateforme agrégeant divers opérateurs de paiement sur mobile. © Youri Lenquette pour JA

QUENTIN-VELLUET_2024

Publié le 26 février 2021 Lecture : 3 minutes.

Afrique Digitale © Jon Berkeley pour JA
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Mal connues et évoluant dans des contextes jugés trop incertains, les start-up africaines ont longtemps été boudées par les investisseurs, mais ont entamé leur revanche en 2020 à la faveur d’une crise sanitaire qui a frappé le continent dans une moindre mesure que l’Occident. Habitués à être résilients et créatifs face aux risques divers, les patrons des jeunes pousses du continent semblent avoir été perçus comme une valeur refuge pour de nombreux fonds de capital-risque.

Investisseurs plus nombreux et plus précis

En attestent la croissance du nombre d’investisseurs ayant réalisé au moins une transaction en Afrique en 2020 : 443, soit une augmentation de 24 points par rapport à 2019 « unique au monde » d’après Cyril Collon, directeur associé de Partech Afrique.

Les entreprises se font connaître plus tôt et sont rapidement en position de lever des fonds

La hausse du nombre de tickets compris entre 200 000 et 1 million de dollars (+48 %) en 2020 marque elle aussi une véritable rupture. Loin d’être une mauvaise nouvelle, cette meilleure capillarité des fonds injectés témoigne d’une meilleure connaissance du terrain par les investisseurs et élargit le nombre d’entreprises potentiellement prometteuses (cf. schéma ci-dessous).

Contexte_Plan de travail 1

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Selon Maxime Bayen, spécialiste du secteur et auteur d’une base de données répertoriant les levées de fonds sur le continent, ces performances montrent que les écosystèmes locaux (incubateurs, accompagnateurs, investisseurs de tous niveaux, réseaux d’entreprises, formations des entrepreneurs) sont relativement plus matures.

Le Big 4 nigérian, sud-africain, kényan et égyptien ne change pas

« De plus en plus d’investisseurs se positionnent sur des tours de table en amorçage et pré-amorçage, ce qui est positif car le capital-risque n’en était pas capable jusqu’ici au vu du coût des due diligence. C’est aussi le signe que les entreprises se font connaître plus tôt et sont rapidement en position de lever des fonds », observe-t-il.

Le Ghana et Maurice, des écosystèmes féconds
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Reste qu’en termes de nombre de tour de table et de montant de fonds levés, l’hégémonie nigériane, sud-africaine, kényane et égyptienne demeure. Depuis 2017, ces quatre pays sont les principales destinations des tickets injectés par les investisseurs Nigeria en tête et concentrent la majorité des transactions (281 pour 359 au total en 2020). Mais d’autres critères sont à prendre en compte pour exprimer la robustesse de chaque écosystème.

Rapportée au PIB national, la part des fonds levés par les start-up est un indicateur qui « permet une comparaison plus équitable des écosystèmes », estime Maxime Bayen. Par ce prisme, on observe que le quatuor traditionnel est chamboulé (cf schéma ci-dessous). L’île Maurice et le Ghana se glissent alors derrière le Kenya et Nigeria parmi les pays dont les écosystèmes innovants attirent d’importants investissements locaux ou étrangers, permettant de dynamiser à leur tour l’économie nationale.

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Source : Africa Start-up Database, Maxime Bayen

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Étudiants, entrepreneurs puis champions nationaux

En revanche, l’Égypte et l’Afrique du Sud se rattrapent sur leur capacité à former de futurs start-upper, un critère analysé par les investisseurs, très sensibles aux CV des fondateurs.

Au pays de Nelson Mandela, 60 % des entrepreneurs ayant levé des fonds en 2020 sont issus d’un cursus sud-africain ; en Égypte, ce sont 56 % des fondateurs de start-up ayant levé des fonds l’an passé qui ont été formés localement. « Au Kenya, les équipes sont souvent menées par des expatriés ou des personnes qui se sont formées à l’étranger contrairement à l’Égypte  qui se suffit à elle-même », illustre Maxime Bayen.

À titre d’exemple, l’Égyptien Mostafa Kandil, fondateur et dirigeant de Swvl qui a levé 93 millions de dollars en 2020, a effectué l’ensemble de son cursus universitaire à l’Université américaine du Caire. À l’inverse, T. Patrick Walsh, Mayank Sekhsaria et Anish Thakkar, les trois cofondateurs de Greenlight Planet à Nairobi (69 millions de dollars levés en 2020) sont issus du même cursus en ingénierie électrique de l’université de l’Illinois aux États-Unis.

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