Voyage au pays des extrêmes

Avec près de 200 000 visiteurs par an, le pays dispose du potentiel pour en séduire beaucoup plus. A condition que les infrastructures le permettent.

Publié le 12 juin 2006 Lecture : 4 minutes.

Avec quelque 200 000 visiteurs par an, le Mali est une destination touristique encore modeste. Misant sur les atouts et les potentialités du pays, les autorités ne comptent toutefois pas en rester là. Priorité à la promotion de nouveaux produits et à l’émergence de nouvelles zones. Reste à lever des contraintes qui freinent le développement du tourisme malien.
Pour encourager les investissements touristiques, l’État s’est désengagé du secteur au cours des années 1990 et a adopté depuis 1995 une série de réglementations. L’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie (Omatho) a été créé pour faciliter, entre autres, les formalités et promouvoir la destination. La nouvelle législation accorde des avantages spéciaux aux entreprises touristiques. Un effort de classement des hôtels a également été réalisé. Aujourd’hui, 45 d’entre eux répondent aux normes en vigueur dans les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Du coup, et à la faveur de la tenue de la Coupe d’Afrique des nations en 2002 et du Sommet Afrique-France en décembre 2005, l’infrastructure hôtelière, entièrement entre les mains du privé, s’est considérablement étendue. Le nombre d’hôtels est passé de 120 en 2000 à 242 en 2005, et les nuitées de 173 560 à 291 447 sur la même période. C’est toutefois la ville de Bamako qui a bénéficié le plus de cet essor. Avec 82 hôtels, la capitale malienne concentre 33,8 % du total des hébergements. Elle comptera prochainement un nouvel établissement, avec la construction prévue d’un Ibis. Conjuguée à la réhabilitation du Palais des congrès, devenu le Centre international de conférences, et à l’essor du transport aérien – le Mali est desservi par une quinzaine de compagnies -, l’augmentation de la capacité hôtelière de la capitale a profité au tourisme d’affaires et surtout de congrès. Ce secteur représente 35 % des arrivées internationales. Bamako accueille ainsi de plus en plus de missions, de conventions d’affaires, de forums et de séminaires sous-régionaux, organisés par des privés ou des organismes internationaux. Un créneau que la capitale compte exploiter encore plus, pour rentabiliser son potentiel sur l’ensemble de l’année.
Le tourisme de loisirs est également en expansion. Une croissance qui a été favorisée, entre autres, par l’institution de festivals, organisés par le ministère de la Culture et par des privés. Ainsi, le Festival du désert d’Essakane, qui se tient dans la région de Tombouctou, le Festival culturel d’Anderamboucane à l’Est qui concerne aussi le Niger et l’Algérie, le Festival du fleuve Niger à Ségou, celui de Médine à Kayes ou encore le Festival de l’eau dans la zone de Manantali.
Reste que le tourisme de loisirs est toujours concentré dans trois régions : le pays dogon, Djenné/Mopti et Tombouctou. Son envol est par ailleurs limité par une capacité hôtelière réduite. Mopti est la zone la mieux équipée, avec ses 45 hôtels, soit environ 600 chambres. Un nombre qui reste toutefois limité. Le groupe Accor devrait pallier en partie cette insuffisance avec la réalisation d’un hôtel Ibis dans la capitale du pays peul. Avec respectivement 138 et 118 chambres, Tombouctou et Gao font figure de parents pauvres. Si le parc hôtelier de Djenné s’est agrandi, il reste lui aussi insuffisant. Au cur du Mali, le sous-équipement hôtelier est donc patent.
L’autre frein au développement touristique est lié au transport aérien. La plupart des villes touristiques sont certes dotées d’aéroports modernes, et la desserte de Mopti, Tombouctou et Gao ainsi que celle de l’ouest du Mali ont été améliorées, grâce notamment à la présence de Mali Air Express et de la Compagnie aérienne du Mali (CAM), dont l’opérateur principal est IPS (filiale du groupe Aga Khan). Mais le problème du ravitaillement en carburant de certaines villes de l’intérieur reste entier. Du coup, les transporteurs sont amenés à multiplier les escales. Ce qui contribue à renchérir le coût des circuits touristiques.
Jusqu’à présent, le tourisme avait une vocation essentiellement culturelle. Désormais, il devra accorder une plus grande place à l’écotourisme et au tourisme de vision. Cap donc sur de nouveaux produits, comme les croisières sur les fleuves Sénégal et Niger, et de nouvelles destinations, tels que les monts Mandingue, la boucle du Baoulé, et le Gourma, une zone frontalière avec le Burkina Faso et le Niger, au sud du pays. Autre pôle à promouvoir, la région de Kayes, autrefois en marge des circuits à cause de son enclavement, mais aujourd’hui plus accessible grâce au développement des infrastructures routières et mieux lotie en hôtels grâce à l’exploitation aurifère. C’est cette destination que compte promouvoir Wani Tour, une agence de voyages installée à Bamako. Mais le développement de la zone implique que des investissements soient réalisés dans la construction ou la réhabilitation d’hôtels et de sites, et que des efforts soient faits en matière de formation de guides professionnels et d’aménagement de circuits.
D’autres contraintes, comme les tracasseries administratives lors de l’entrée et du séjour des visiteurs, la prolifération des taxes touristiques communales, la faible professionnalisation des opérateurs, le manque de confort des hébergements à l’intérieur du pays, sont également à lever. Déjà des campagnes de sensibilisation des forces de sécurité ont été entreprises pour mettre fin aux contrôles intempestifs, et des efforts de promotion de la destination engagés.
De quoi attirer de nouveaux clients ? En tout cas, la diversification des marchés fait partie de la nouvelle politique du gouvernement. Actuellement, ce sont les Européens qui dominent. Les Français sont en tête, suivis des Belges, des Américains, des Allemands, des Italiens et des Espagnols. De nouveaux pays comme le Japon ou la Corée sont prospectés. Quant à la question de la cherté de la destination, elle est en partie résolue, avec le développement des vols charters : Point-Afrique et Nouvelles Frontières relient aujourd’hui Paris à Bamako.

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