Question de méthode

Publié le 12 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

L’élection présidentielle de 2007 opposera certainement le président sortant, Amadou Toumani Touré (ATT), à lui-même. À défaut d’un adversaire à sa mesure, les Maliens vont être appelés, comme dans un plébiscite, à exprimer leur degré d’adhésion à ce qu’on pourrait appeler la méthode ATT. Mise en uvre depuis le 7 juin 2002, celle-ci est un mélange de volontarisme et de sobriété. Avec une forte dose de consensus, vertu plutôt rare en Afrique de l’Ouest, région déchirée par les querelles de pouvoir. À proximité d’une Côte d’Ivoire en proie à un conflit politico-militaire, d’une Guinée potentiellement explosive, d’un Liberia et d’une Sierra Leone en convalescence, d’une Mauritanie où il a fallu un coup d’État pour mettre fin à une période d’instabilité chronique, le Mali a réussi à sauvegarder sa sérénité en réunissant depuis quatre ans toutes ses forces politiques autour de l’essentiel.

Si cette « démocratie consensuelle » risque toujours d’être fissurée par les ambitions électorales de certains, elle a jusqu’ici permis au Mali de surmonter de graves chocs. La crise ivoirienne a durement touché l’économie du pays, accru sa facture commerciale, causé à ses finances un manque à gagner évalué à 5 milliards de F CFA par mois. Elle n’a pas pour autant réussi à mettre à genoux l’État malien, qui a résisté, renoncé à des taxes pour soutenir les prix, tiré de ses ressources propres les moyens de vivre sans la Côte d’Ivoire. Après une chute à 1,5 %, le taux de croissance de son économie est remonté à 5,5 % en 2005, et devrait atteindre 6 % à la fin de cette année. L’invasion des criquets pèlerins en 2004 a secoué le pays mais ne l’a pas terrassé. S’il a connu des difficultés, il s’en est beaucoup mieux tiré que le Niger voisin, où le déficit vivrier a fait craindre le pire.
Le Mali a donc tenu dans un contexte économique rude, fort de toutes les énergies de sa classe politique, de la compréhension du front syndical et de l’apport de sa diaspora, qui y transfère chaque année 240 milliards de F CFA, montant auquel s’ajoutent les sommes envoyées par les réseaux financiers informels. Quatre ans d’ATT à la tête du pays n’ont certes pas tout résolu. En 2005, le pays s’est classé 174e sur 177 au palmarès du développement humain élaboré par les Nations unies. La pauvreté frappe plus de 60 % de sa population. Faute de trouver du travail chez eux, les jeunes Maliens cherchent à émigrer.
Mais le Mali reste debout, à l’image des remparts de Djenné, des falaises de Bandiagara, de la mosquée Djingareiber de Tombouctou Et continue à compter sur la scène internationale. Au cours de ces derniers mois, il a accueilli les célèbres Rencontres de la photographie africaine, le sommet France-Afrique, le premier Forum social mondial en terre africaine La ténacité dans la difficulté, c’est l’autre caractéristique de la méthode ATT.

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