Algérie : génération « Tanguy »

Malgré la mise en oeuvre de trois plans quinquennaux, le manque de logements reste criant. Résultat, des millions d’Algériens attendent encore d’emménager « chez eux ».

Le parc national de logements comptait 8 millions d’unités fin 2013. Reste à en construire plus de 1,6 million pour répondre à la demande. © Lahcene Habib

Le parc national de logements comptait 8 millions d’unités fin 2013. Reste à en construire plus de 1,6 million pour répondre à la demande. © Lahcene Habib

Publié le 11 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

Entre l’explosion démographique, l’urbanisation accélérée, les destructions engendrées par les catastrophes naturelles récentes (tremblement de terre en 2003 et inondations en 2001 et 2006), les piètres performances du secteur national de la construction et une gestion immobilière archaïque, la crise de l’habitat n’est toujours pas résorbée. Trouver un appartement ou une maison reste la première préoccupation des Algériens.

Parc national

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Pourtant, près de 2,7 millions de logements (sociaux, en location-vente ou habitat rural) ont déjà été réalisés et livrés dans le cadre des trois programmes quinquennaux lancés par l’État depuis 2000. Le parc national est ainsi passé de 5,4 millions d’unités en 2000 à un peu plus de 8 millions fin 2013, réduisant le déficit en logements à 1,6 million d’unités et, surtout, le taux d’occupation : de 5,75 habitants par logement en 2000, il n’est plus que de 4,68 en 2013, selon les estimations officielles – comparativement, il est de 3,8 au Maroc et de 2,02 en France.

Plus de 80 % des 38 millions d’Algériens vivant sur le littoral (qui représente pourtant moins de 9 % de la superficie totale du pays), c’est la bande côtière qui bénéficie de la part du lion de ces réalisations, avec plus de 2,5 millions d’unités construites, contre 93 000 dans les Hauts Plateaux et 56 000 dans le Grand Sud.

Pour résorber le déficit de logements, il faudra construire 200 000 unités par an jusqu’à 2017. Les capacités de production nationale ne dépassent pas 80 000 unités….

Déficit chronique

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Selon Abdelmadjid Tebboune, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, avec plus de 1 million d’unités en cours de réalisation et les projets de villes nouvelles qui ont été relancés, ce déficit chronique « pourra être entièrement résorbé dès 2017, et la crise du logement ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir ».

Mais comment ? Car pour tenir le pari, il faudrait construire 200 000 logements par an jusqu’à 2017, quand les capacités de production nationale ne dépassent pas 80 000 unités par an. C’est pourquoi, dès l’an dernier, le gouvernement a fait appel à des entreprises étrangères (portugaises, chinoises, espagnoles, sud-coréennes, turques, égyptiennes, etc.) pour qu’elles réalisent 120 000 logements supplémentaires par an entre 2015 et 2017 en partenariat avec des constructeurs algériens. Un marché lucratif en ces temps de crise.

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Qualité

Illustration de la place accordée à l’habitat par le gouvernement : sa part dans les investissements publics. L’enveloppe budgétaire annuelle qui lui a été consacrée en 2013 est de 203 milliards de dinars (1,9 milliard d’euros), alors qu’elle n’était que de 67 milliards de dinars en 2000. Le seul plan quinquennal 2010-2014 a alloué plus de 3 700 milliards de dinars (deuxième poste de dépenses de l’État) à la construction de 2,4 millions de logements, dont : 1 million en public locatif (LPL, qui s’adresse aux ménages dont le revenu mensuel est inférieur à 235 euros), 900 000 logements ruraux et 550 000 logements promotionnels aidés (LPA, destinés aux citoyens dont les revenus sont six fois supérieurs au salaire minimum). En parallèle, des mesures incitatives ont été adoptées pour dynamiser la promotion immobilière privée.

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En même temps qu’il a fait appel au partenariat entre entreprises de BTP algériennes et étrangères, en privilégiant les coentreprises à haut niveau technique dans ses critères de sélection, le gouvernement a requis une montée en gamme dans la qualité des constructions, de façon à ce qu’elles intègrent de meilleures performances techniques et énergétiques.

En outre, il a instauré une meilleure prise en compte des normes environnementales et urbanistiques, de la mixité sociale et fonctionnelle, ainsi que des besoins en services de proximité dans les projets de rénovation urbaine, d’extension de quartiers résidentiels et de villes nouvelles. C’est-à-dire en veillant à y introduire ou réintroduire de la mobilité et de l’accessibilité (voirie, transports en commun), des commerces, des services (écoles, centres de santé, antennes d’administrations, postes de police ou de gendarmerie en milieu rural, etc.), des infrastructures sportives et culturelles et des espaces publics conviviaux. De quoi mieux vivre.

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