À la recherche du bon filon

Avec 52 tonnes d’or extraites en 2005, le pays reste troisième producteur du continent, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana.

Publié le 12 juin 2006 Lecture : 4 minutes.

La filière or tient une place de choix dans l’économie malienne, contribuant pour près de 12 % au Produit intérieur brut (PIB) et à 69 % des recettes d’exportation, soit quelque 317 milliards de F CFA en 2005. Pourtant, la production est en baisse. Après avoir passé la barre des 63,7 tonnes en 2002, elle se situait aux alentours de 50 tonnes en 2005. Malgré tout, le Mali conserve son troisième rang de producteur aurifère africain, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana.
Selon le ministère des Mines, la contribution du métal jaune à l’économie a été de 620,7 milliards de F CFA entre 1997 et 2005. Avec notamment 22,3 milliards de F CFA versés sous forme de salaires, 290 milliards pour les achats effectués auprès des fournisseurs locaux et quelque 204,5 milliards de taxes reversées au bénéfice de l’État.
Si près de 95 % de la production est assurée par le secteur industriel, l’apport des petits producteurs artisanaux n’est pas négligeable, puisqu’il représente environ 3 tonnes d’or par an. Selon la Direction nationale des mines et de la géologie, le Mali compte quelque 258 zones de production traditionnelle d’or, situées dans le sud et l’ouest du pays. Régie par le code minier, l’extraction artisanale est en principe circonscrite à des périmètres bien délimités. Pour obtenir des titres miniers, les orpailleurs doivent être organisés en coopératives ou en GIE (groupements d’intérêt économique). Sur le terrain, la réalité est parfois tout autre. En tout cas, l’activité artisanale occupe près de 200 000 personnes et en fait vivre plus de 1 million. La plus grande partie de l’or extrait artisanalement est revendue localement, notamment dans la région de Sikasso (380 km au sud de Bamako), une zone frontalière avec la Côte d’Ivoire, le Burkina et la Guinée.
Actuellement cinq gisements, situés dans le sud et le sud-ouest du Mali, assurent l’essentiel des tonnages réalisés par les opérateurs industriels. Le plus productif est situé à proximité de Kayes. Valorisé par la Société d’exploitation de la mine d’or de Sadiola (Semos), qui associe le sud-africain Anglogold Ashanti (38 %), le canadien Iamgold (38 %), l’État malien (18 %) et la Société financière internationale (la SFI, filiale de la Banque mondiale, 6 %), le site a produit 16,66 tonnes d’or en 2005.
Le gisement à ciel ouvert de Morila, l’un des plus importants du monde avec une réserve prouvée de 160 tonnes, où travaillent plus d’un millier de personnes, arrive en deuxième position en termes de production. Cette mine, fonctionnelle depuis 2000 et d’une superficie de 200 km2, est exploitée par Morila SA, dont le capital est détenu par les sud-africains Anglogold (40 %) et Randgold Resource (40 %) ainsi que par l’État malien (20 %). Après un pic en 2003 (23,7 tonnes), sa production est tombée à 12,5 tonnes en 2005. Son exploitation devrait se poursuivre jusqu’en 2013.
La mine de Yatéla, valorisée par le consortium Iamgold (40 %), Anglogold Ashanti (40 %) et l’État malien (20 %), affiche des tonnages plus modestes : 6,65 tonnes en 2005. Située dans la région de Kayes, à 20 km au nord de Kéniéba, la production de la mine de Loulo, mise en valeur par Randgold, est estimée à 7,7 tonnes en 2005. Son potentiel est important : 45 tonnes de réserves d’or à ciel ouvert, des ressources de 110 tonnes dans sa partie sulfurée et, plus en profondeur, un gisement de 60 tonnes. De quoi en faire la plus grande mine du Mali par sa durée de vie (vingt ans) et l’importance du gisement qui pourrait atteindre 170 tonnes.
Avec 720 kg produits en 2005, selon les estimations de la Direction nationale des mines et de la géologie, la production du site de Kalana, première mine d’or moderne du Mali, apparaît négligeable. Son exploitation, mise en veilleuse en décembre 1991, a été relancée en 2004. Elle est assurée par la Somika (dont sont actionnaires Avnel Gold, filiale du canadien Newsun Ressources, et l’État malien). Les réserves d’or de la mine sont estimées à 13,6 tonnes et sa durée de vie entre douze et vingt ans. Enfin, inaugurée en mai dernier, la mine de Tabakoto, localisée à 350 km à l’ouest de Bamako, dans la commune de Sitakili, renfermerait 58 tonnes d’or qui seront exploitées à ciel ouvert. La production attendue au cours des trois premières années se situe entre 3,1 et 3,4 tonnes. L’exploitation du site est assurée par la Tabako Mining Company (Tamico), dont le capital de 500 millions de F CFA est détenu par la société canadienne Newsun Resources (80 %) et l’État malien.
L’exploitation du gisement de Kodiéran, situé non loin de Kalana, devrait démarrer en 2007. Des discussions sont en cours pour une reprise du gisement de Syama par l’australien Resolute Mining. Arrêtée en raison de la baisse des cours mondiaux de l’or, celle-ci pourrait redémarrer en 2007. L’exploitation de ces sites permettra en partie de compenser la baisse de production attendue. En effet, « l’exploitation des gisements de Yatéla, Sadiola et Morila devrait s’arrêter respectivement en 2008, 2009 et 2010. À partir de cette date, à défaut de ressources additionnelles, la production devrait donc tomber aux alentours de 20 tonnes », confie Dramane Dembélé, le directeur national des mines.
Des espoirs sont permis, car l’exploration bat son plein. À la fin de 2005, quelque 120 titres miniers en majorité centrés sur l’or avaient été délivrés. Autant de projets qui donnent à penser que la production d’or a encore un bel avenir.
Cette intense activité de recherche n’empêche pas l’État de s’activer pour développer et faire connaître son potentiel minier. Le 6 mai dernier, un programme de développement du secteur minier a été officiellement lancé. Au menu : l’amélioration du cadre de l’investissement, l’approfondissement de la connaissance géologique et de l’inventaire minier, ainsi que la diversification des productions. Outre l’or, les recherches s’orientent vers le diamant, les phosphates, les argiles, le talc, le sel, le gypse et les pierres précieuses. Pas question d’exporter les minerais bruts. L’accent devra donc être mis sur la transformation.

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