La CIA tisse sa toile

Publié le 12 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

« Rien de nouveau », « beaucoup d’allégations, mais pas de faits avérés » Les réactions américaines et britanniques à la publication, le 7 juin, du rapport que le Suisse Dick Marty a consacré aux détentions secrètes et aux transferts illégaux de prisonniers par la CIA ont été particulièrement virulentes. Il est vrai que les conclusions de cette enquête entreprise à la demande de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe sont fort embarrassantes pour Washington et Londres.
Au mépris de la législation internationale, quatorze États membres* du Conseil de l’Europe ont, à des degrés divers, aidé les États-Unis à tisser un réseau clandestin par lequel ont transité de prétendus terroristes. « Une toile d’araignée tissée à travers le monde », selon l’auteur du rapport, qui permet aux États-Unis soit de transférer à leur guise des prisonniers jugés dangereux dans des centres de détention plus sûrs – et secrets -, en Europe ou ailleurs, soit de les renvoyer leur pays d’origine. Dans le jargon de la CIA, on appelle ça des opérations de « restitution ».
Sur les quatorze États mis en cause, deux ont accueilli des centres de détention secrets : la Roumanie et la Pologne. « L’avion de restitution immatriculé N313P a atterri à Timisoara à 23 h 51, le 25 janvier 2004 []. L’hypothèse la plus vraisemblable est que l’objectif de ce vol était de transporter un ou plusieurs détenus de Kaboul en Roumanie », lit-on, par exemple, dans le rapport. Athènes et Rome sont des escales où les avions affrétés par la CIA se ravitaillent en carburant. Francfort sert de plate-forme pour le lancement des opérations. Stockholm est un point de départ. In fine, l’auteur estime que la Pologne, la Roumanie, l’Espagne, Chypre, l’Irlande, le Portugal et la Grèce peuvent être accusés de collusion, active ou passive. Et que les sept autres sont carrément coupables de « violations des droits de la personne ».
Il est vrai que les méthodes utilisées font peu de cas des droits de l’homme. Selon un « schéma rigoureusement préétabli », un groupe d’agents d’élite de la CIA, « surentraînés et ultradisciplinés », parcourt le monde pour mettre en uvre le transfert des détenus. Avant que le prisonnier ne monte dans l’avion, on l’oblige le plus souvent à porter une couche-culotte et un survêtement ample. À bord, il est soit enchaîné sur une civière, soit attaché à un matelas ou à un siège. « La plupart du temps, il n’a aucune idée de l’endroit où il va débarquer ni de ce qui va lui arriver », estime l’auteur du rapport.

* Allemagne, Bosnie, Chypre, Espagne, Grèce, Irlande, Italie, Macédoine, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Suède et Turquie.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires