En attendant l’Europe

Publié le 12 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Ces trente-cinq dernières années, selon la New America Foundation, l’économie américaine a créé 57 millions d’emplois. Pendant la même période, l’Europe, avec un PIB combiné comparable à celui des États-Unis, n’en a créé que 4 millions. De même, le taux de chômage européen tourne autour de 10 %, le double de celui des États-Unis. Les données démographiques ne sont pas plus encourageantes. En France, en Allemagne et en Italie, la population est en déclin et – évidemment – vieillissante. Et l’Europe n’est pas en bonne position pour tirer le meilleur parti du secteur scientifique et technologique : la dépense par tête en recherche et développement est à peu près la moitié de ce qu’elle est aux États-Unis.

Peut-être plus inquiétant encore, le continent européen semble en proie à une déprime collective. Dans un sondage Harris Interactive, à la question : « Êtes-vous satisfait de votre vie ? », seulement 18 % des Européens (France, Allemagne, Italie) ont répondu « Très », contre 57 % des Américains. Pis, ces Européens avaient le sentiment d’être « mal embarqués ». À la question : « Prévoyez-vous un changement de votre situation personnelle dans les cinq ans ? », un tiers seulement ont dit espérer une amélioration. En revanche, les deux tiers des Américains escomptent un avenir plus rose. Si les Européens semblent prêts à désespérer de tout, pourquoi pas nous ?
D’abord, parce que l’Europe a une économie trop importante et trop bien établie pour s’effondrer. Rappelez-vous 1980. La concurrence japonaise allait obliger les États-Unis à mettre la clef sous la porte. Le taux de chômage américain approchait 10 %, l’inflation était de 14 % et le taux préférentiel à plus de 20 %. Comme les Européens aujourd’hui, les Américains étaient plongés dans une telle morosité que le président Jimmy Carter parlait de « malaise ».
L’Europe a une trop longue histoire, une infrastructure trop solide et trop d’atouts dans son jeu pour s’enfoncer dans un gouffre économique permanent. Sa main-d’uvre, par exemple, figure parmi les mieux éduquées du monde. Et il y a des signes, encore légers, d’un début de mécontentement contre le statu quo. Angela Merkel a été élue chancelière en Allemagne, et elle n’est pas contre la réforme. Et le gouvernement français, pour amorcer un recul du chômage, a au moins tenté une modification du marché du travail, même s’il a été obligé de reculer devant les manifestations.
L’autre raison tient à la nouvelle génération de chefs d’entreprise promoteurs du changement : Carlos Ghosn de Renault, Dieter Zetsche de Mercedes et Klaus Kleinfeld de Siemens, pour n’en nommer que trois. Ces patrons, et ils ne sont pas les seuls, savent que leur firme opère dans une économie mondiale et font les difficiles réformes nécessaires pour rester compétitifs.

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Où en sera l’Europe dans cinq ans ? Tout ne sera pas réglé. Mais elle ira mieux. Puisant dans l’énergie de ses nouveaux patrons et entrepreneurs, et de plus en plus débarrassée des blocages du système socialiste, l’Europe avancera à grands pas sur le chemin d’un avenir économique positif auquel apparemment, et malheureusement, beaucoup de ses habitants ne croient pas aujourd’hui.

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