[Chronique] Au Burkina, tout le monde est sankariste ! Vraiment ?
Dans les maquis et dans les grains, tout le monde le glorifie. On lui érige des statues. On arbore son effigie romantique, à la Guevara. Mais les Burkinabè sont-ils vraiment prêts à adopter les valeurs et la politique exigeante de Thomas Sankara ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 mars 2021 Lecture : 2 minutes.
« Sankariste / En octobre à Dagnoën / Égoïste / Quand le gombo n’est pas loin. » Dans la chanson No more de son dernier album en date, le chanteur burkinabè Bil Aka Kora ironise sur le ballet de pleureuses qu’accueille le cimetière du quartier ouagalais de Wemtenga, lors des commémorations annuelles du 15 octobre 1987, date de l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara. Car lorsque l’argent facile – le « gombo » – est à portée de main, il y a loin de la coupe idéologique aux lèvres citoyennes.
Dans les maquis et les « grains » du Burkina profond, tout le monde semble glorifier Sankara, ce parangon de vertu politique, sa probité avérée et son souffle idéologique, tandis que le Faso du XXIe siècle s’enliserait dans la corruption et le matérialisme aculturé. Comme le visage de Che Guevara immortalisé par Alberto Korda puis « marketé » à toutes les sauces du pop art, celui de « Thom’ Sank’ » apparaît sur bon nombre de tee-shirts, d’autocollants et de porte-à-faux arrières de camions.
Défaut de berger ou défection de troupeau ?
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