Cameroun : les défis de Mouangue Kobila sur le front des droits de l’homme

À la tête de la Commission des droits de l’homme, le juriste aura fort à faire, après une année 2020 marquée par les violences meurtrières dans les régions anglophones et de nombreuses atteintes aux libertés publiques.

James Mouangue Kobila, président de la Commission des droits de l’homme au Cameroun. © Maboup

James Mouangue Kobila, président de la Commission des droits de l’homme au Cameroun. © Maboup

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 25 février 2021 Lecture : 2 minutes.

Près de dix-huit mois après l’adoption, le 19 juillet 2019, de la loi portant création de la Commission des droits de l’homme du Cameroun, le président Paul Biya a nommé, ce 19 février, le président et les membres de cette institution « indépendante » chargée de la promotion et de la protection desdits droits, ainsi que de la prévention contre la torture dans tous les lieux de privation de liberté.

James Mouangue Kobila, 54 ans, a ainsi été porté à la tête de cet organisme pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il en assurait l’intérim depuis mai 2020, à la suite du décès de Chemuta Banda Divine. Cest à lui que revient la charge de consulter, d’observer, d’évaluer, de créer des cadres de dialogue, de conciliation et de concertation nécessaires.

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Année noire

Il sera épaulé par quatorze « commissaires », issus de diverses corporations professionnelles. Parmi eux, figurent Denis Kwebo, le président du Syndicat national des journalistes, et le Dr Ngalle Mbonjo, de l’Ordre des médecins.

En 2020, les autorités ont systématiquement interdit les manifestations des partis d’opposition

Professeur d’université, agrégé en droit public, James Mouangue Kobila hérite d’une institution dont il maîtrise parfaitement le champ d’activité. Cet auteur prolifique avait déjà assuré la vice-présidence de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL), qui a précédé l’actuelle institution.

Il devra en particulier faire face à la crise qui sévit dans les régions anglophones du pays, terreau fertile aux atteintes aux droits de l’homme.

De l’avis de nombreux observateurs, 2020 a été une année noire pour le Cameroun dans ce domaine. Elle a en effet été marqué par : un massacre de civils à Ngarbuh, dans la nuit du 13 au 14 février ; la mort en détention du journaliste Samuel Wazizi, suspecté de terrorisme ; des atrocités commises sur des civils par les groupes armés indépendantistes, et par l’assassinat de sept écoliers, à Kumba.

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Droits civiques

Autre dossier tout aussi important : le respect des droits civiques et politiques des citoyens. Cette même année 2020, les autorités ont systématiquement interdit les manifestations des partis d’opposition et des mouvements qui lui en sont proches.

Un demi-millier de partisans du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, de Maurice Kamto), ont été incarcérés pour avoir pris part à des marches pacifiques organisées par leur formation politique. Une bonne centaine d’entre eux reste à ce jour en prison. À ces arrestations s’ajoutent des violences policières et des conditions de détention exécrables.

La mobilisation de ressources est primordiale

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Pour réussir sa mission, James Mouangue Kobila devra se départir la réputation qu’il s’est taillée sur les réseaux sociaux, il s’est fait remarquer par ses coups de gueule, et endosser les habits de conciliateur. La Commission devra par ailleurs s’atteler à trouver des fonds pour financer son action. En 2021, le budget de la défunte CNDHL avait été fixé à 1,63 milliard de francs CFA, dont les trois quarts, soit 900 millions, étaient dévolus aux frais de fonctionnement.

« La mobilisation de ressources est primordiale, estime un ancien membre de l’ex-CNDHL. C’est le seul moyen de faire en sorte que l’actuelle commission devienne un véritable instrument qui accompagne l’État dans sa mission de promotion de droits de l’homme, à travers une veille régulière et des alertes. »

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