Les plus beaux sites de l’Égypte ancienne ressuscités en dessins
Avec leur superbe ouvrage « Voyage en Égypte ancienne » (3ème édition), Jean-Claude Golvin et Aude Gros de Beler redonnent vie aux sites antiques les plus remarquables de la vallée du Nil.
Selon un cliché très répandu, voyager dans le temps n’est pas donné à tout le monde. Pourtant, il existe un moyen très simple et peu coûteux de le faire : il suffit d’acheter un livre. Et si votre passion est l’Égypte ancienne, par exemple, le ticket pour un somptueux passé vous reviendra à 33 euros. À savoir le prix du magnifique ouvrage Voyage en Égypte ancienne de Jean-Claude Golvin et Aude Gros de Beler, qui s’offre aujourd’hui sa troisième édition augmentée depuis sa première parution chez Actes Sud en 1999.
De l’archéologie au dessin
À quoi ressemblaient les temples d’Abou Simbel sous Ramsès II ? Comment s’organisait Abydos, la ville sainte d’Osiris ou Tell el-Amarna, l’antique Akhetaton ? Comment imaginer Saqqara ou Giza sous l’Ancien Empire ? Quelle était la forme exacte du phare d’Alexandrie ? Ni les ruines d’aujourd’hui ni les plus anciennes photos d’archives ne peuvent rendre compte avec justice de la splendeur des réalisations humaines parsemant la vallée du Nil. Le talent stupéfiant de Jean-Claude Govin le permet.
Architecte et archéologue, directeur de recherche au CNRS, cet aquarelliste virtuose s’est taillé une réputation méritée dans la restitution graphique des sites de l’antiquité. Avec une précision maniaque, armé de ses stylos, crayons, pinceaux et cubes de couleurs, il redonne vie aux constructions les plus emblématiques, à l’époque de leur grandeur. Rien n’est oublié, des détails architecturaux les plus précis aux éléments qui créent l’atmosphère : ombres, couleurs, végétaux, sols, reliefs, géographie des lieux…
« Je cherche à traduire par le dessin ce que les archéologues pensent avoir découvert, déclare l’artiste, auteur de quelque 1000 restitutions conservées au musée départemental Arles antique, dans le Sud de la France. Je ne laisse guère de place à l’incertitude, à la fantaisie, à l’imagination. »
Reconstitutions à couper le souffle
Dans Voyage en Égypte ancienne, ce sont quelque 60 aquarelles qui ressuscitent, la plupart du temps en vue aérienne, les monuments et les sites les plus emblématiques. Certaines œuvres permettent même de voir ce dont il ne reste rien.
Ainsi en est-il de Philae, domaine de la déesse Isis. Dès le début du XXème siècle, l’île fut recouverte par les eaux lors de la construction du premier barrage d’Assouan, si bien qu’on ne pouvait la voir qu’un mois par an, en été, lorsque les réservoirs étaient vides. L’écrivain français Pierre Loti s’en était ému dans un texte à la beauté lyrique, La mort de Philae. Le barrage menaçant le site de disparition complète, ses édifices furent déplacés à partir de 1972 sur l’île voisine d’Agilka, entièrement remodelée, sous l’égide de l’Unesco. Les travaux durèrent jusqu’en 1980…
Des frises chronologiques permettant de s’y retrouver dans plus de 3000 ans d’histoire et des textes érudits.
Jean-Claude Golvin, lui, restitue Philae telle qu’elle était au IVème siècle après Jésus-Christ. Quant aux détails de l’histoire du lieu, on les doit à l’égyptologue Aude Gros de Beler.
C’est sans doute là ce qui fait toute la richesse du Voyage en Égypte ancienne : des reconstitutions à couper le souffle, des frises chronologiques permettant de s’y retrouver dans plus de 3000 ans d’histoire et des textes érudits. On regrettera seulement une mise en page parfois trop dense… Mais les plus pointilleux des lecteurs y trouveront satisfaction.
En attendant et espérant une exposition des œuvres de Golvin sur l’Égypte, il est possible d’admirer, jusqu’en mars à la librairie Actes Sud d’Arles, 40 de ses aquarelles réalisées récemment pour deux autres ouvrages cosignés avec Gérard Coulon : Le génie civil de l’armée romaine (2018) et Le génie maritime romain (2020).
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