Un visage humain pour les commis de l’État
Le ministre ivoirien de l’Économie et des Finances, Charles Koffi Diby, estime qu’il est possible de réformer l’administration. Et, qui plus est, le Trésor public.
« L’ère du commis tout-puissant est révolue », affirme l’actuel ministre de l’Économie et des Finances de Côte d’Ivoire dans un ouvrage dont la lecture devrait être rendue obligatoire dans bien des administrations publiques, d’Afrique et d’ailleurs. Charles Koffi Diby s’est intéressé à celle qui a généralement mauvaise réputation, le Trésor public. Elle est aussi celle qu’il connaît bien puisque ce natif de Bouaké, dans le centre de la Côte d’Ivoire, y a déroulé sa carrière de 1984, après ses études à l’École nationale d’administration (ENA) d’Abidjan, jusqu’à sa nomination, en avril 2007 – il avait à peine 50 ans. D’où l’intérêt de son analyse sur les défauts d’une administration parmi les plus difficiles à réformer tant les relations avec l’environnement extérieur peuvent être tendues.
Pour s’en protéger, la plupart des fonctionnaires développent, au fil du temps, cette position individuelle de « commis tout-puissant ». Avec pour corollaire l’isolement de l’agent et la standardisation de sa relation avec les usagers, qui constituent autant de blocages dans le travail. Après cet état des lieux appuyé d’exemples africains et de comparaisons internationales, l’ouvrage se consacre à définir les solutions. L’intérêt réside dans le retour d’expérience, puisque l’auteur a lui-même mis en place ces méthodes. L’approche culturelle est la seconde qualité du livre. L’amélioration de l’accueil du public, l’épanouissement du personnel ou encore la modernisation des outils sont des pratiques de management bien connues. Charles Koffi Diby les a appliquées à l’africaine, et il a mis en place les outils de mesure permettant de valider leur nécessité et leur avancement des réalisations.
Les résultats sont probants sur le plan humain : une enquête menée en interne à la fin de 2005 par Afric Synergy Consulting, un cabinet indépendant, parvient à un indice général de satisfaction du personnel de 73 %. Quatorze critères ont été étudiés, chacun pouvant s’exprimer sur la politique d’ouverture sociale (85 % de satisfaits), la qualité des relations personnelles (79 %) ou encore la souplesse de la supervision (65 %). Ces améliorations ont également des conséquences comptables, et non des moindres puisque le Trésor public ivoirien a largement réussi quatre vagues d’émissions d’emprunts obligataires entre 1999 et 2005, collectant deux fois plus que prévu, un total de 220,6 milliards de F CFA (336 millions d’euros) au lieu des 115 milliards attendus Comme l’écrit Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale ivoirienne, dans la préface de l’ouvrage : « Maintenant que le directeur général du Trésor est devenu ministre, nous sommes en droit d’attendre que sa réforme nous profite encore plus ! »
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