Tunis entre en scène

Pour la première fois, les Rencontres chorégraphiques d’Afrique et de l’océan Indien se déroulaient au Maghreb. Quelques créations de qualité ont séduit un large public.

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Véritable boule d’énergie et d’enthousiasme, Syhem Belkhodja n’aura pas eu une minute à elle. Du 1er au 8 mai, elle accueillait à Tunis la biennale Danse l’Afrique danse. Pour cette septième édition, les Rencontres chorégraphiques d’Afrique et de l’océan Indien, après une escale parisienne en 2006, revenaient sur le continent africain. Et, pour la première fois, se déroulaient au Maghreb, favorisant ainsi les échanges entre le nord et le sud du Sahara. Un plateau hors concours proposait quatorze pièces de chorégraphes arabes.

Racisme anti-Noirs
Dorénavant, la mise en oeuvre de la biennale est confiée à un opérateur africain. Un moyen sans doute pour CulturesFrance, dépendant du ministère des Affaires étrangères, d’éviter les critiques selon lesquelles la création serait formatée par des critères européens. « Ces critiques ne sont pas nouvelles, rappelle la chorégraphe dakaroise Germaine Acogny, à qui un vibrant hommage a été rendu lors de la soirée d’ouverture. Mais si vous proposez une création de qualité, les programmateurs européens ne vous oublieront pas. Même si votre travail ne correspond pas à leurs critères. Il faut surprendre ! »
Peu de surprises, toutefois, cette année. Même si les créations étaient de qualité. Le Sénégalais Pape Ndiaye, dit Kaolack, l’un des étudiants de l’École des sables de Germaine Acogny et de son mari, Helmut Vogt, a fait une prestation remarquée avec un J’accuse (1er prix Solo) où il dénonce le racisme anti-Noirs au Maghreb ainsi qu’une Afrique de guerre et d’« apartheid ». « Moi, Pape Ndiaye, Sénégalais, clame-t-il, j’ai besoin d’un visa pour aller dans un autre pays africain. » Mais il fait aussi l’éloge de l’Afrique qu’il aime, de ses racines et coutumes. « On ne naît pas africain, on le devient », déclare-t-il.
Plus légers, les trois Sud-Africains de Thabiso Pule & Thami Manekehla (1er prix Compagnie devant les Congolais très prometteurs de la compagnie Baninga/DeLaVallet Bidiefono) ont fait eux aussi forte impression. Avec leurs dynamiques volte-face et leurs joyeux jeux de cache-cache, ils ont séduit un large public tunisien.
La gratuité a sans conteste attiré jeunes et moins jeunes, qui découvraient un art encore peu populaire sur le continent. Si, depuis 1995, la danse de création connaît un essor incontestable grâce à la multiplication des festivals, les chorégraphes doivent expliquer leur travail aux spectateurs. Ce à quoi s’attelle le Burkinabè Auguste Ouedraogo, qui n’a pourtant pas été primé pour son magnifique Traces. En revanche, les Tunisiens de la compagnie Nejib Ben Kalfallah ont reçu le prix RFI Danse et réaliseront une tournée africaine en 2009 pour Mhayer Sika, une pièce qui envahit l’espace du hammam, mais qui est totalement dépourvue de sensualité.
Ce sont les Européens qui auront la primeur de ces spectacles puisque les lauréats partiront dès juillet pour une tournée en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, puis en Belgique, en Israël, au Liban et en Espagne.

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