Israël : soixante ans sans paix

L’État hébreu célèbre avec faste le soixantième anniversaire de sa création. Non sans avoir pris soin de boucler les Territoires pour une durée de trois jours.

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Israël a fêté en grande pompe, le 8 mai 2008, le soixantième anniversaire de sa création. La veille, l’État hébreu a honoré la mémoire de ses morts (22 437 soldats et 1 634 civils depuis mai 1948) au cours de la journée du Souvenir. Parades militaires et exposition d’armes saisies au Hezbollah, spectacles et feux d’artifice, cérémonies officielles auxquelles étaient attendus une douzaine de chefs d’État – dont George W. Bush -, les Israéliens ont mis les petits plats dans les grands à l’occasion de cet unique jour férié non religieux. Les habitants de Jérusalem, Tel-Aviv et Haïfa ont organisé les traditionnels barbecues. « Les drapeaux sont partout, sur les voitures et aux balcons des maisons. Et les enfants sont habillés en bleu et blanc », témoigne un habitant de la Ville sainte. Mais l’heure peut-elle vraiment être à la fête dans un pays en conflit avec ses voisins depuis sa naissance, qui refuse de se donner les moyens de la paix et dont les habitants estiment vivre sous une menace permanente ? « Nous voulons la paix, mais nous sommes aussi prêts à nous battre », a déclaré le Premier ministre, Ehoud Olmert, lors d’une cérémonie au cimetière militaire du mont Herzl. « Il n’y a pas d’Israélien qui ne comprenne pas le prix de la guerre. » Les festivités du soixantième anniversaire, elles, ont un prix : 98 millions de shekels (18,5 millions d’euros). Et ce que le Premier ministre risque également de payer cher, ce sont les faits de corruption que lui reproche la justice ; son ex-directrice de cabinet a déjà été mise en examen. Olmert, qui comptait sur l’événement pour redorer son blason, risque plutôt de plier bagage.
L’armée israélienne a bouclé pour une durée de trois jours sa « frontière » avec les Territoires : « Les troupes seront maintenues en état d’alerte afin d’assurer la sécurité des citoyens israéliens », a-t-elle fait savoir. Seulement voilà, ce bouclage empêche les Palestiniens d’entrer en Israël pour travailler. Échappant à cette restriction, un Français circulant entre Ramallah et Jérusalem le jour du Souvenir remarquait : « À l’heure où les sirènes ont retenti, tous les hommes portant la kippa ont arrêté leur voiture et sont sortis pour observer une minute de silence ; les seuls qui continuaient à passer étaient les Arabes. » Comme leurs cousins de Gaza et de Cisjordanie, les Arabes d’Israël, soit un Israélien sur cinq, sont, eux, en deuil, en mémoire des 700 000 Palestiniens expulsés ou contraints à l’exil au lendemain de la création de l’État hébreu, en 1948. Ils voient dans cet anniversaire celui de l’occupation et de la Nakba (« catastrophe »), qu’ils commémoreront le 15 mai.

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