Assassinat de l’ambassadeur italien : « Les FDLR sont forts et influents, mais ils ne sont pas les seuls »

L’est de la RDC, où le diplomate a été tué, est le théâtre de multiples affrontements entre des groupes armés parfois difficilement identifiables. État des lieux des forces en présence, avec le chercheur Christoph Vogel, qui participe au Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).

Un Casque bleu à Rutsuhuru, l’une des zones d’influence des FDLR, en 2009 (Archives). © AP Photo/Rebecca Blackwell

Un Casque bleu à Rutsuhuru, l’une des zones d’influence des FDLR, en 2009 (Archives). © AP Photo/Rebecca Blackwell

Publié le 26 février 2021 Lecture : 7 minutes.

L’assassinat de l’ambassadeur italien Luca Attanasio, de son chauffeur et de son garde du corps lors de l’attaque d’un convoi de deux véhicules du Programme alimentaire mondial (PAM), lundi 22 février à Kibumba, dans le Nord-Kivu, a soudainement remis l’insécurité dans l’est de la RDC sous le feu des projecteurs de l’actualité internationale.

Les circonstances de l’attaque sont encore particulièrement floues. Plusieurs thèses sont avancées, en particulier celle d’une tentative d’enlèvement qui aurait mal tourné. Le PAM et l’ONU, à qui le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a demandé « le plus rapidement possible, des réponses claires et exhaustives », ont d’ores et déjà diligenté des enquêtes en plus de celles lancées par les autorités congolaises. Dans un entretien accordé au journal italien Il Messaggero, la veuve du diplomate affirme que son mari a été « trahi » par « quelqu’un de proche ». Une personne qui « connaissait ses déplacements a parlé, l’a vendu et l’a trahi », a-t-elle affirmé, sans donner plus de détail.

Ce drame s’inscrit dans un contexte de violences chroniques dans cette région, explique le chercheur Christoph Vogel, qui a notamment travaillé pour le Programme de recherche sur les conflits de la London School of Economics (Royaume-Uni) et l’Université de Gand (Belgique).

Le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), un projet mené en coopération par le Groupe d’étude sur le Kivu et Human Rights Watch auquel participe Christoph Vogel, vient de publier un rapport qui dresse un inquiétant constat.  Alors qu’en 2019, autour de 130 groupes armés existaient dans le seul Kivu, 122 ont été répertoriés dans toute la zone (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika) en 2020. À l’inverse, l’intensité de la violence n’a fait que croître sur le même période, de même que le lourd bilan humain.

Jeune Afrique : Les autorités congolaises ont pointé la responsabilité des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] dans l’attaque lors de laquelle l’ambassadeur italien a été tué. Cette thèse paraît-elle crédible au regard du déroulement de l’incident ?

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Christoph Vogel : Absolument, c’est crédible. Cependant, l’incident reste assez flou, et il n’y a pas encore d’éléments d’enquête pouvant être considérés comme des preuves réelles. Il ne faut pas oublier que si les FDLR sont forts et influents dans cette zone, ils ne sont certainement pas les seuls. Au moins deux ou trois autres groupes armés sont actifs aux abords de la région.

En outre, l’axe entre Goma et Rutshuru est connu pour les exactions de certains réseaux de coupeurs de routes et de kidnappeurs jusqu’aux alentours de Butembo. Ce ne sont pas forcément des groupes armés classiques, organisés, mais ils sont aussi actifs.

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