Kenya : taxe digitale, une vraie fausse bonne idée ?
La taxe sur les services numériques récemment entrée en vigueur risque d’étouffer le développement du secteur de la haute technologie dans le pays.
Entrée en vigueur au début de l’année, la taxe sur les services numériques, prélevée sur la vente de livres électroniques, de films, de musique, de jeux et d’autres contenus numériques, s’élève à 1,5 % de la valeur brute des transactions et s’applique aux entreprises étrangères.
Selon le gouvernement, cette taxe pourrait générer jusqu’à 45 millions de dollars de recettes d’ici au mois de juin.
« Ce n’est ni le bon moment ni la bonne idée », a déclaré Dhruv Pandit, PDG de la société immobilière kényane Fedha, depuis Nairobi. « Il y a d’autres moyens de générer des revenus. Le Kenya se tire peut-être une balle dans le pied ».
Un grand potentiel
En juin, l’Autorité fiscale du Kenya (Kenya Revenue Authority) a mis en place une unité spéciale chargée de suivre les recettes de chaque transaction numérique. Le gouvernement, confronté à des niveaux d’endettement élevés dans le contexte de récession provoquée par le Covid-19, a besoin d’augmenter l’assiette fiscale et dispose de peu d’options.
Dhruv Pandit, tout en précisant comprendre la position du gouvernement, se désole, car selon lui : « Le Kenya a le potentiel pour devenir un centre technologique africain de premier plan, mais nous ne sommes pas suffisamment « tech-friendly » ici.. »
Un récent rapport publié par la Harvard Business Review vantait pourtant les réussites et les importantes possibilités technologiques kényanes.
Nécessité de fixer des seuils
Selon KPMG, l’absence d’un seuil de chiffre d’affaires pour la taxe pourrait faire peser des charges administratives importantes sur les entreprises effectuant des transactions de faible valeur.
Une grande partie de l’économie créative ne fonctionne pas en Afrique
« De nombreuses juridictions qui ont introduit une taxe sur les services numériques ont fixé des seuils afin d’aligner le recouvrement de l’impôt prévu sur le coût de mise en conformité », explique le cabinet.
KPMG évoque également le délai d’application de la nouvelle taxe, jugé trop court pour que les entreprises aient le temps de mettre en place les mesures de conformité.
Au Kenya, comme dans une grande partie du continent, le commerce des services, par opposition à celui des marchandises, doit être mis en avant, déclare M. Pandit. « Une grande partie de l’économie créative ne fonctionne pas en Afrique ». Le libre-échange est « le seul moyen de nous en sortir. Nous n’avons pas le choix ».
Inquiets de l’impact de la taxe, certains chefs d’entreprise à l’instar de Dhruv Pandit en appellent à une réflexion qui permettrait de renforcer l’attractivité du pays en tant que plaque tournante de la tech.
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