UE-Côte d’Ivoire : 1 milliard d’euros pour le cacao ivoirien, vraiment ?

Si l’annonce de l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Côte d’Ivoire a fait du bruit, il y a encore loin de la parole aux actes : seuls 25 millions d’euros sont à ce jour confirmés.

Cacao © Thierry Gouegnon/REUTERS

Cacao © Thierry Gouegnon/REUTERS

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Publié le 28 février 2021 Lecture : 3 minutes.

C’est ce que l’on appelle un effet d’annonce. En fin de semaine dernière, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Côte d’Ivoire, Jobst von Kirchmann, a mentionné une enveloppe pouvant aller jusqu’à un milliard d’euros destinée à la filière ivoirienne de l’or brun sur la période 2021-2027 pour l’aider à devenir plus durable.

La déclaration, faite à nos confrères de Reuters et qui a marqué les esprits, intervenait un mois après une réunion mi-janvier à Abidjan entre les autorités ivoiriennes – la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de fèves – et l’UE – son premier acheteur – pour discuter de l’avenir de leurs relations commerciales cacaoyères.

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Et pour cause : l’UE prévoit de présenter d’ici à l’été 2021 une nouvelle réglementation visant à interdire l’importation de produits liés à la déforestation et à rendre obligatoire un « devoir de vigilance » pour les acteurs privés. Une réforme qui va bousculer le secteur de l’or brun et l’obliger à renforcer ses contrôles sur l’origine des fèves – un sujet hautement sensible – s’il veut continuer à avoir accès au marché européen. D’autres réunions sont d’ailleurs prévues en mars à Bruxelles et Abidjan.

Beaucoup d’incertitudes

C’est dans ce cadre que l’UE défend la mise en œuvre d’un projet Team Europe – cacao durable devant apporter une « enveloppe budgétaire très importante », a indiqué en janvier l’ambassadeur avant d’évoquer le chiffre choc d’un milliard un mois plus tard, en réunissant l’ensemble des financeurs potentiels : les États européens, la Banque européenne d’investissement (BEI), les institutions de développement nationales (AFD, KfW, GIZ,…) et même les chocolatiers privés.

Sauf que, dans les faits, il reste encore beaucoup d’incertitudes. « L’exercice de programmation 2021-2027 pour la Côte d’Ivoire est toujours en cours et sera conclu cette année. En ce moment aucune décision n’a encore été prise », a indiqué une porte-parole de l’UE sollicitée par Jeune Afrique.

« Si elle devait être retenue, un montant important serait alloué à cette importante priorité [la Team Europe], mais aucun chiffre ne peut être fourni à ce stade », a-t-elle ajouté.

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Pour l’heure, la seule aide confirmée, annoncée fin janvier, se monte à 25 millions d’euros, une somme bien modeste face aux ambitions affichées. Et elle n’est pas destinée à la seule Côte d’Ivoire, mais aussi au Ghana et au Cameroun.

Enjeux multiples et complexes

La majeure partie de la somme (17 millions) financera de l’assistance technique « dans des domaines tels que la surveillance de la déforestation, la fourniture de services analytiques et consultatifs, la facilitation des politiques, les interventions spécifiques tout au long de la chaîne de valeur et le soutien aux investissements », précise l’UE.

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Les 8 millions restant doivent « soutenir des réformes législatives substantielles en Côte d’Ivoire » afin de « créer un nouveau cadre juridique pour la production et le commerce du cacao ».

« Un apport de 200 millions d’euros serait déjà énorme », souligne un bon connaisseur du secteur, expliquant que l’enveloppe pourrait gonfler si les prêts ciblés aux États étaient inclus dans le dispositif. Localement, un acteur du secteur met, lui, en avant la difficulté pour l’UE de soutenir efficacement la filière face aux enjeux multiples et complexes que sont la déforestation, le travail des enfants et le revenu des producteurs.

Sollicité par Jeune Afrique, le Conseil café cacao, organisme de régulation du secteur en Côte d’Ivoire, n’a pas donné de suite avant la publication de cet article.

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