L’âge des Immortels

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Piqués au vif par l’avalanche de critiques formulées contre leur immobilisme, les membres de l’Académie française semblent décidés à régénérer leur institution. Après la lamentable journée du 7 février, où les vingt-sept Immortels présents n’avaient pas réussi à s’entendre sur l’élection aux fauteuils de Bertrand Poirot-Delpech et d’Henri Troyat, ils ont admis coup sur coup deux nouveaux titulaires : le scénariste et parolier Jean-Loup Dabadie, 69 ans, le 10 avril, puis l’évêque d’Angoulême, Claude Dagens, 68 ans, le 17 avril.
L’un et l’autre ne sont ni Flaubert ni Saint-Simon, mais l’Académie française a vocation à réunir des lettrés de tous horizons. On ne sait si, le 22 mai, Pierre Bergé ou Jean Clair, surtout célébrés pour leur connaissance de l’opéra et des arts plastiques, réussiront l’examen de passage pour occuper la place de Poirot-Delpech. Mais on peut sans grand risque prédire que, le 19 juin, un écrivain, un vrai, le romancier Jean-Christophe Rufin, 56 ans, Goncourt 2001 pour Rouge Brésil, par ailleurs ambassadeur de France au Sénégal depuis 2007, décrochera sans coup férir le fauteuil n° 28, celui de Troyat.

Orsenna, le benjamin
Il était temps que la Vieille Dame du quai Conti se ressaisisse. Dix académiciens sont morts au cours des vingt derniers mois. Cinq postes sur quarante sont à ce jour à pourvoir. Et, entre les centenaires (Claude Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908), ceux qui ont dépassé 90 ans (Jacqueline de Romilly, 95 ans ; Michel Mohrt et Félicien Marceau, 94 ans ; Maurice Druon, 90 ans), ou les approchent (René de Obaldia, 89 ans ; Michel Déon et Jean Dutourd, 88 ans ; François Jacob, 87 ans), plusieurs sont appelés, logiquement, à passer l’arme à gauche d’ici peu. Élu en 1998, Erik Orsenna reste, à 61 ans, le benjamin d’une assemblée dont la moyenne d’âge frise 80 ans.

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Victor Hugo recalé
L’âge suffit-il à expliquer le conservatisme de cette institution fondée en 1635 ? Car, quel que soit le jugement que l’on porte sur son action, elle n’a jamais épousé l’avant-garde littéraire. Elle a raté Balzac, Victor Hugo a été recalé quatre fois, Émile Zola s’y est présenté en vain à vingt-quatre reprises. Elle a admis Senghor, mais n’a jamais cherché à intégrer en son sein Césaire. On sait que, de J.-M.G. Le Clézio à Patrick Modiano en passant par Jean Echenoz, Milan Kundera et Philippe Sollers, beaucoup des meilleurs romanciers actuels ont décliné l’offre. D’autres tels qu’Éric Neuhoff, Didier Van Cauwelaert et Marc Lambron semblent partants. Leur particularité : ils sont passés par Le Figaro littéraire. L’Académie restant dominée par la droite libérale, son avenir, sur le plan idéologique du moins, semble garanti.

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