L’athlète qui venait du froid
Il est courant de voir des athlètes africains porter les couleurs d’un pays occidental. L’inverse est beaucoup plus rare, pour ne pas dire exceptionnel. La Hongroise Georgina Toth (26 ans) est pourtant dans ce cas. Lors des récents championnats d’Afrique d’athlétisme, à Addis-Abeba, cette lanceuse de marteau a participé au concours sous la bannière du Cameroun. Elle n’a certes terminé que quatrième, mais, avec un jet de 55,71 m, elle a quand même amélioré le record national de près de 4 mètres !
« Elle aurait pu faire une meilleure performance, mais elle n’est arrivée que deux jours avant la compétition, après un voyage de vingt-six heures. Elle était épuisée. En plus, les conditions atmosphériques étaient assez délicates. Il avait plu, et l’aire de lancer était trop glissante pour cette athlète, qui mise beaucoup sur la force de ses jambes », explique Ange Sama, le président de la Fédération camerounaise d’athlétisme.
Ce dernier a rencontré Georgina il y a deux ans aux États-Unis, où elle était étudiante en commerce dans une université de l’Arizona. Dans sa spécialité, elle était déjà l’une des meilleures athlètes universitaires. « Elle n’était jamais allée en Afrique, mais elle admirait notre équipe nationale de football. Alors, quand je lui ai proposé de venir transmettre sa passion du marteau au Cameroun, elle a tout de suite accepté », raconte-t-il. Mais la jeune femme a quand même voulu s’assurer qu’elle ne risquait pas de tomber sur un crocodile en plein cÂur de Douala ou de Yaoundé, comme certains plaisantins le lui avaient affirmé !
C’est lors de son premier séjour au Cameroun que le déclic s’est produit. Spontanément, elle a proposé à Sama d’intégrer l’équipe nationale d’athlétisme. Ensuite, tout s’est enchaîné. La Fédération hongroise a accepté de la libérer et a adressé un courrier en ce sens, avec effet immédiat (habituellement, un athlète doit attendre un an avant de rejoindre la fédération d’un autre pays).
« Le choix de Georgina a été dicté par un coup de cÂur. Elle s’est très bien intégrée et, très vite, elle a commencé à se déplacer seule à travers le pays », raconte Sama. Prochains challenges ? D’abord, les jeux Olympiques de Pékin, à condition, bien sûr, que la jeune femme se qualifie ; ce dont son mentor ne doute pas. Ensuite, les championnats du monde, à Berlin, l’an prochain. Georgina Toth, qui n’a pas renoncé à sa nationalité hongroise, possède tout de même un passeport camerounais. « Un bel exemple de la mondialisation du sport », affirme Ange Sama. Rendez-vous donc à Pékin. Si tout va bien.
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