Irak : une hypothèque d’un siècle !

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Le 19 mars a marqué le cinquième anniversaire de l’invasion américaine de l’Irak. Les pertes des États-Unis – près de 4 000 soldats en Irak et de 500 en Afghanistan – sont bien connues. On a beaucoup moins prêté attention au nombre considérable de survivants qui sont rentrés chez eux avec de graves blessures. Il est absolument effrayant. Plus de 70 000 Américains ont été blessés au combat, victimes d’accidents ou évacués par avion pour des traitements d’urgence. Plus du tiers des 750 000 militaires démobilisés jusqu’ici ont fait des demandes de soins médicaux, dont au moins 100 000 pour des troubles psychiques et 52 000 pour des névroses posttraumatiques. Selon une estimation récente de l’US Army, pas moins de 20 % des soldats rapatriés ont été victimes de commotions cérébrales. Plus de 20 000 ont survécu à des amputations, à de graves brûlures ou à des blessures à la tête ou à la colonne vertébrale.
Ce nombre est en grande partie dû aux progrès extraordinaires qu’a faits la médecine ces dernières années. Beaucoup plus de soldats survivent à des blessures, même graves, que lors des précédents conflits. Le rapport des blessés aux tués au combat en Irak est de 7 pour 1. Au Vietnam, il était de 2,6 pour 1, et de 2 pour 1 pendant la Seconde Guerre mondiale. Si l’on fait le total de toutes les indisponibilités, y compris celles causées par des accidents de la route ou par des maladies, il y a eu en Irak 15 blessés pour 1 issue fatale.

Ce taux de survie est évidemment une bonne chose, mais les États-Unis se retrouvent du coup dans l’obligation d’apporter des soins médicaux et de payer pendant des décennies des pensions d’invalidité à un nombre colossal d’anciens combattants et à leurs familles. Ces six dernières années, plus de 1,6 million de soldats ont été déployés en Irak et en Afghanistan. Même dans le scénario le plus optimiste, en supposant que la majorité des troupes américaines aura été évacuée à la fin de 2009, les dépenses occasionnées par l’assistance apportée aux anciens combattants d’Irak seront l’équivalent de ce qu’il en a coûté aux États-Unis pour mener la guerre : environ 500 milliards de dollars. Si les forces américaines y restent plus longtemps, ces dépenses pourraient s’élever à plus de 700 milliards de dollars.

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* Maître de conférences à l’université Harvard et coauteure avec Joseph Stiglitz de The Three Trillion Dollar War : The True Cost of the Iraq Conflict (« La guerre des 3 000 milliards de dollars : le véritable coût du conflit irakien »).

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