Ingérences

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Silvio Berlusconi n’a donc pas reculé. Dans son gouvernement formé le 7 mai, le « Condottiere » a nommé à un poste, certes mineur – celui de la Simplification législative – et inédit, le très islamophobe Roberto ?Calderoli, patron de la puissante Ligue du Nord, à laquelle il ne peut apparemment rien refuser. Calderoli, c’est ce provocateur populiste qui, un jour de février 2006, fit scandale en déboutonnant sa chemise devant les caméras pour faire apparaître un tee-shirt reproduisant l’une des caricatures danoises du prophète Mohammed. Alors ministre des Réformes dans un gouvernement dont le chef s’appelait déjà Silvio ?Berlusconi, Roberto Calderoli avait par son geste mis le feu aux poudres en Libye, ex-colonie italienne très réactive aux prurits anti-islamiques qui agitent la Péninsule. À Benghazi, des émeutes contre le consulat italien firent une douzaine de morts, et Berlusconi fut contraint de limoger celui par qui cette polémique dévastatrice était arrivée.
D’où l’avertissement très net lancé le 4 mai à Tripoli par le fils (et héritier présomptif) du colonel Kadhafi, Seif el-Islam : si Calderoli revient au gouvernement, « attendez-vous à des répercussions catastrophiques ». Un appel relayé par la Ligue arabe et dont Berlusconi n’a pas tenu compte, en dépit des contrats pétroliers et gaziers et de la perspective d’un accord avec les Russes pour gérer en commun les réserves libyennes d’hydrocarbures. Sortie renforcée des dernières élections, la Ligue du Nord dicte sa loiÂÂ
En attendant de connaître les conséquences de ce bras de fer, une question de fond vient d’être posée : la Libye a-t-elle le droit, la légitimité – et les moyens – de s’ingérer ainsi dans une affaire de politique intérieure italienne ? En théorie, non, puisque ce type d’intervention revient à empiéter sur la souveraineté d’un autre État. Mais en pratique, oui : de l’Irak au Zimbabwe, les Américains et les Européens pratiquent quotidiennement l’ingérence sous toutes ses formes dans les affaires des pays du Sud, un « droit » autoproclamé dont on ne voit pas au nom de quoi il serait l’apanage des Occidentaux. Les ex-colonisés l’ont bien compris : n’est-ce pas un petit groupe de chefs d’État d’Afrique centrale qui a exigé – et obtenu – il y a peu la tête du secrétaire d’État français à la Coopération, Jean-Marie Bockel ?

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