Henri Djombo
Nommé pour la première fois ministre en 1980, ce proche de Sassou est, à 56 ans, un dinosaure de la vie politique du Congo-Brazzaville. Il dirige le ministère de l’Économie forestière depuis dix ans.
Jeune Afrique : Vous avez été élu en février président du Conseil international de coordination du programme « L’homme et la biosphère » de l’Unesco. En quoi consiste votre mission ?
Henri Djombo : Il s’agit de développer les réserves de biosphère, de réhabiliter celles qui sont dégradées. Mais aussi de réunir les conditions nécessaires à la création de partenariats entre les populations, les gestionnaires de sites, les collectivités locales, le secteur privé et la société civile.
Pourtant, la déforestation a l’air de bien se porter au Congo : selon certaines ONG, des dizaines de milliers d’hectares seraient ainsi détruits chaque annéeÂ
Je suis le gardien de la forêt. Le chiffre que vous avancez est faux : à ma connaissance, c’est moins de 3 000 hectares par an. Notre taux de déboisement est le plus bas de la région. Nous sommes dans une logique de conciliation entre développement économique et protection de l’environnement. Notre souci est que les activités économiques n’aient qu’un impact limité. Nous pensons créer un cadre juridique qui obligerait les entreprises à financer les activités de conservation dans les régions qu’elles exploitent.
Dans le cas du parc national de Conkouati-Douli, sur la côte atlantique, ne s’agit-il pas plutôt d’intérêts privés ? Vous seriez vous-même actionnaire de la société chinoise Sino-Congo Forêt (Sicofor)Â
Je ne suis actionnaire ni de Sicofor ni d’aucune autre entreprise forestière. Ceux qui affirment cela n’ont qu’à apporter la preuve de leurs allégations ! Ce sont des étrangers, des membres d’ONG qui veulent dicter leur volonté à l’État. Ils croient pouvoir nous dire comment choisir nos amis.
Vos relations avec les Chinois ne sont-elles pas, disons, particulières ?
J’ai des relations particulières avec tout le monde. La vérité, c’est que certains intérêts occidentaux se sentent menacés par les Chinois. Ces derniers sont arrivés au moment où nous avons adopté des politiques communes en matière d’exploitation forestière dans notre sous-région. Je les ai poussés à industrialiser leurs activités. Les entreprises européennes, essoufflées, ne suivent pas le rythme. Tout le monde sait que j’ai longtemps soutenu les investissements français dans le nord du Congo.
En 2006, le Congo a exporté environ 1 million de m3 de bois, dont deux tiers de grumes. Or la loi exige que 85 % de la production soient transformés sur place. Pourquoi cette « anomalie » ?
L’année 2007 fut celle de l’adaptation. Nous avons laissé aux sociétés le temps de se préparer à la réforme. Cette année, la loi entre dans sa phase exécutoire.
Comment jugez-vous le paysage politique congolais ?
Le monde politique est une jungle où beaucoup d’acteurs ont appris à mentir. Ils cherchent davantage à séduire qu’à faire du bien. Je suis dans un monde où rien n’est facile. On y croise beaucoup de bêtes féroces. Je reçois des coups, mais, n’étant pas violent, je diffère toujours ma réponse.
Vous écrivez des romans. Courez-vous après la gloire ?
L’écriture n’est pas mon métier. J’écris simplement parce que j’ai peur du silence et de la solitude. Je n’ai pas beaucoup d’amis. Souvent déçu par ceux que je côtoie, je suis devenu pessimiste sur le genre humain.
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