Libertés sexuelles : les politiques marocains sommés de prendre position
Au royaume, une affaire de « revenge porn » a relancé le débat sur l’article 490, qui criminalise les relations sexuelles hors-mariage. À quelques mois des élections législatives, le collectif Moroccan Outlaws a décidé d’interpeler les partis politiques sur son éventuelle abrogation.
![La Chambre des représentants du Maroc (image d’illustration). © DR](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/08/04/parlement-maroc.jpg)
La Chambre des représentants du Maroc (image d’illustration). © DR
Et si les libertés individuelles s’invitaient au cœur des élections législatives au Maroc ? C’est en tout cas la volonté du mouvement social et citoyen Moroccan Outlaws (Marocaines Hors la loi), porté par l’auteur Leïla Slimani et la réalisatrice Sonia Terrab. Le 22 février, les « hors-la-loi » ont lancé un appel direct aux partis politiques afin qu’ils se positionnent – enfin – pour ou contre l’abrogation de l’article 490 du Code Pénal, qui criminalise les relations sexuelles hors mariage.
Depuis octobre 2019, Moroccan Outlaws milite pour l’abrogation de cet article. Une lutte née au moment de l’affaire Hajar Raïssouni, une journaliste condamnée à de la prison ferme pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage », avant d’être graciée par le roi Mohammed VI. Cette année, selon les chiffres du parquet général, 15 192 personnes ont été poursuivies à cause de cet article. Le 3 février, une nouvelle affaire sordide a poussé les Hors-la-loi à se remettre en branle : une mère célibataire, originaire de Tétouan, a été condamnée à un mois de prison ferme, alors qu’une vidéo intime d’elle avait été publiée à son insu sur Internet. L’auteur des faits, installé aux Pays-Bas, n’a quant à lui jamais été inquiété.
Cette année, selon les chiffres du parquet général, 15 192 personnes ont été poursuivies à cause de cet article
Dans ce contexte, Moroccan Outlaws a lancé une campagne numérique baptisée « Stop 490 » et adressé une lettre à chaque parti politique, qui contient deux questions a priori très simples : « Votre parti est-il pour ou contre l’abrogation de l’article 490 du code pénal ?» et « Si vous avez répondu ‘pour’ à la précédente question, envisagez-vous d’inclure ce point dans votre programme électoral ?». Les réponses, ou l’absence de réponse, seront publiées sur les réseaux sociaux du mouvement dans un mois. Sonia Terrab assure avoir déjà « obtenu des réactions en off ».
Un redoutable casse-tête
Bien s’informer, mieux décider
Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles
![Image](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=137,height=137,fit=cover/build/2023/images/poool-illustration.png)
Les plus lus
- Au Gabon, bars et discothèques peinent encore à passer la nuit
- Photographie : 1904, l’horreur de la colonisation du Congo dans l’objectif de la missionnaire Alice Seeley Harris
- Au Cameroun, Paul Biya proroge le mandat des députés et conseillers municipaux
- « Ma mère me dit : “Quitte ce pays de racistes” », les Africains de France face à la montée du RN
- Achille Mbembe : « En France, la parole raciste a cessé d’être considérée comme scandaleuse »