Comment faire revenir les cerveaux

Selon un sondage de l’Atuge, une majorité de cadres expatriés envisageraient un retour au bercail. À certaines conditions…

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Mieux cerner les contours de l’élite tunisienne internationale, « l’or gris de la Tunisie », ses aspirations, ses attentes, et nourrir la réflexion sur la délicate question du retour des diplômés de la diaspora. Tels étaient les objectifs principaux du sondage réalisé par l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge), dont les résultats seront présentés le 17 mai, à l’occasion du forum parisien de cet influent réseau, fort d’environ trois mille membres. L’étude, qui a porté sur un échantillon d’un millier de personnes, est inédite par son ampleur et riche d’enseignements. Une majorité des « atugéens » expatriés, qui débutent donc généralement leur carrière professionnelle à l’étranger, envisagent un retour au pays : 36,3 % d’entre eux s’imaginent rentrer en Tunisie « dans deux à dix ans », et 19,2 % « quand les conditions seront réunies ». Plus que la rémunération, ce sont les facteurs familiaux, cités par 44,2 % des sondés, qui constituent la première motivation d’un éventuel retour au bercail. 52,3 % des atugéens se verraient travailler pour une filiale d’une multinationale, 42,4 % veulent fonder leur entreprise, 28,1 % pensent intégrer les rangs d’un grand groupe tunisien (plusieurs réponses étaient possibles). L’administration, en revanche, ne fait pas recette : seule une toute petite minorité de l’échantillon (6,8 %) se voit évoluer dans le secteur public.
« Ces résultats ne sont pas anodins, note Achraf Ayadi, consultant dans une grande banque française et coordinateur de l’étude. Ils révèlent une certaine appréhension des cadres expatriés à l’égard du monde de l’entreprise tuniso-tunisienne, jugé insuffisamment propice à l’épanouissement professionnel. » Cette méfiance a ses raisons. La proactivité, l’autonomie et la prise d’initiative, qui, à l’international, constituent les qualités recherchées par les entreprises, sont encore assez peu valorisées dans le monde du travail en Tunisie, qui fonctionne davantage selon des logiques bureaucratiques et hiérarchiques, et où l’ancienneté intervient dans les promotions autant que le mérite. « Mais, estime Achraf Ayadi, il est encore temps pour corriger les choses. Les entreprises tunisiennes doivent prendre conscience du hiatus, et déployer des stratégies attractives pour regagner complètement les faveurs des compétences tunisiennes à l’étranger, qui constituent une richesse dont il serait vraiment regrettable de se priver. Ce travail de sensibilisation sera précisément l’un des objectifs de notre forum, auquel participeront beaucoup de nos grands patrons. » Le Maroc a réussi à inverser la tendance. Alors pourquoi pas la Tunisie ?

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