Comment maîtriser les coûts

Entretien avec Karim Daoud, vétérinaire devenu exploitant, chargé de la production animale au sein de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap).

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le lait et la viande sont de plus en plus chers à produire et le pays importe 10 % de ses besoins en viande bovine et 2 % de ceux en viande ovine. Comment s’en sortir ?
Karim Daoud : En maîtrisant nos coûts de production. Et je peux vous dire que c’est faisable. L’alimentation des animaux représente 60 % à 70 % du coût de production d’un kilo de viande ou d’un litre de lait. Or l’alimentation du cheptel tunisien est basée sur un concentré composé à partir de matières premières importées, telles que le maïs et le soja, dont les cours mondiaux ont flambé. Et ce sont particulièrement les petits éleveurs qui accusent le coup. La seule solution est de remplacer le maïs et le soja par des aliments produits en Tunisie : l’orge, le sorgho grain, la fèverole, le colza, le tournesol, etc. C’est ce que l’on est en train de mettre sur pied sur proposition de la profession.

Vous présidez le groupement des éleveurs de vaches de race tarentaise, que vous avez réintroduite en Tunisie en 1993. Quel bilan tirez-vous de cette initiative ?
Il s’agit d’une vache de race dite mixte (viande/lait), rustique, qui s’acclimate bien au pays. Elle a l’avantage de se nourrir d’aliments grossiers, peu coûteux – elle est donc rentable pour les petits éleveurs – et de produire de la viande et du lait de qualité. Notre but est de développer son élevage dans le pays, qui ne compte pour l’heure que quelque 2 000 femelles de race pure. Mais la tarentaise est surtout extrêmement importante pour améliorer, par croisement, une bonne partie de la race croisée locale (50 000 têtes dans le programme), surtout dans le nord-ouest du pays, afin d’améliorer la production et, par conséquent, les revenus des producteurs.

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Parlons des éleveurs. La plupart n’ont que quelques vaches Est-ce viable ?
En effet, 80 % des éleveurs tunisiens ont moins de 10 vaches. Et, selon nous, il faut développer ce petit élevage en l’organisant pour qu’il grandisse et prenne tout son poids. Car ces petits éleveurs assurent 80 % de la production nationale. Mais il est vrai qu’ils ont de plus en plus de mal à survivre, en raison de la pression des coûts, des aléas climatiques. Sans compter que la plupart de leurs enfants ne veulent pas prendre la relève ! C’est pourquoi il faut favoriser la constitution de groupements de producteurs et des coopératives de production, de développement et de services, comme c’est le cas dans bon nombre de pays avancés. Nous souhaitons une stratégie claire de la part de l’administration, qui doit transférer progressivement un certain nombre de ses prérogatives et de ses moyens humains et matériels à l’organisation professionnelle, afin d’encadrer les éleveurs et de les aider à produire mieux. Dans un pays qui se libéralise, il est indispensable d’assurer cette transition et de considérer les agriculteurs comme des acteurs économiques matures et responsables.
Les centrales laitières pourraient aussi, de leur côté, assister les éleveurs et être un moteur dans le cadre de « bassins laitiers ». Mais, jusqu’à présent, malgré nos tentatives, elles ne le font pas.

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