Cinémusique

Des Rolling Stones à Bob Dylan et, aujourd’hui, à Papa Wendo, jamais autant de films n’avaient été consacrés à des chanteurs ou à des groupes.

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 3 minutes.

C’est à un véritable raz-de-marée de films sur des musiciens qu’on assiste ces derniers temps. Certes, musique et cinéma ont toujours fait bon ménage ; déjà, à l’époque du muet, pour accompagner des histoires ou inspirer des scénarios. Mais jamais autant de films n’avaient été consacrés à des chanteurs, des groupes ou des instrumentistes, qu’il s’agisse de raconter leur vie ou de célébrer leur art.
Certes, pour en rester aux dernières décennies, on se souvient des excellents longs métrages consacrés à des vedettes du rock’n’roll (à commencer par le fondateur du genre, Bill Haley, révélé par la musique composée pour Graine de violence de Richard Brooks), des musiciens de jazz (d’excellents films sur Thelonious Monk, Chet Baker, Charlie Parker ou Billie Holiday) et des chanteurs ou compositeurs (Cole Porter, les Beatles, etc.). Mais, depuis quelques années, le flot est continu. Nous ne citerons donc que quelques exemples.

Après Godard, Scorsese
Le dernier apparu sur les écrans, Shine a Light, réalisé avec virtuosité par Martin Scorsese, restitue, à l’aide de quatorze caméras – excusez du peu – un concert des Rolling Stones en 2006 à New York. Entrecoupé de petites séquences construites avec des images d’archives, ce film annonce un autre projet documentaire plus complet, cette fois sur le parcours du groupe de Mick Jagger et Keith Richards, prévu pour l’été 2009. Il succède, un quart de siècle plus tard, à un autre enregistrement d’un concert des Stones par Jean-Luc Godard, Sympathy for the Devil (1968).
Dans le style mise en images d’un concert, le plasticien et cinéaste Julian Schnabel proposait aussi, il y a peu, un superbe Berlin, du nom d’une oeuvre « maudite » de Lou Reed sortie il y a trente ans, qu’il a fait rejouer et chanter avec une énergie incroyable par l’ex-membre vedette du Velvet Underground, le groupe lancé dans les années 1970 par Andy Warhol.

la suite après cette publicité

Façon hollywoodienne
La plupart des films sortis récemment sont cependant à vocation biographique. Nul n’ignore le succès planétaire de La Môme, qui a valu cette année un oscar à l’actrice française Marion Cotillard pour son interprétation de Piaf. L’année précédente, c’était Ray Charles, dont la carrière avait été reconstituée à l’écran de façon très hollywoodienne dans Ray, qui avait triomphé.
L’immense Bob Dylan, pour sa part, a eu droit à un traitement nettement plus original avec le I’m not there de Todd Haynes. Tout comme Patti Smith, tout récemment, avec Dream of Life, plus centré sur la personnalité et les talents multiples de la chanteuse que sur sa carrière proprement dite. Quant aux deux films sur les écrans depuis quelques semaines avec pour tête d’affiche John Lennon, ils font passer carrément au second plan l’ex-Beatles au profit de l’activiste politique (Les USA contre John Lennon) ou du « martyr » (Chapitre 27 raconte les derniers jours du compagnon de Yoko Ono avant son assassinat en décembre 1980).
Les musiciens africains ont profité eux aussi de cet engouement. Parmi d’autres, les Maliens Ali Farka Touré – le guitariste-cultivateur prodige décédé en mars 2006 – et Boubacar Traoré – le célèbre bluesman des temps de l’indépendance, alors connu sous le nom de « Karkar » – ont eu droit tous deux à leur biopic (« film biographique ») il y a trois ou quatre ans. Tout comme, peu auparavant, le groupe malgache des Mahaleo. Youssou N’Dour (voir J.A. n° 2464-2465) était pour sa part la vedette de Retour à Gorée le mois dernier.
Aujourd’hui, c’est au tour du créateur de la rumba zaïroise Antoine Kolosoy, dit Papa Wendo, d’occuper le centre de l’écran. Un peu à la manière du Buena Vista Social Club de Wim Wenders pour la musique cubaine et ses papys, On the Rumba River (sortie à Paris le 14 mai) raconte l’existence extraordinaire de ce véritable monument de la musique zaïroise, ancien ami intime de Lumumba aujourd’hui âgé de 80 ans, ainsi que celle de ses musiciens à l’occasion d’un dernier come-back enregistré par la caméra du réalisateur. Un long métrage poignant et passionnant, qui dessine autant le portrait du musicien et de sa formation, à l’Âuvre depuis 1948, que celui, tragique, du Congo de l’avant et de l’après-indépendance.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires