Route-rail : comment accélérer le désenclavement du Burkina
La diversification des voies d’accès du pays se poursuit. De la liaison autoroutière avec le Togo au corridor ferroviaire Ouaga-Tema-Accra, les projets sont nombreux. Reste à les financer.
« Nous allons lever des ressources à hauteur de 200 milliards de F CFA [près de 305 millions d’euros] afin d’alimenter le Fonds spécial routier [FSR] pour financer la construction de nouvelles routes, comme celle reliant Tenkodogo à Ouargaye, à la frontière du Togo », nous confiait en février le ministre burkinabè des Infrastructures, Éric Bougouma.
Une somme qui devra être apportée par un pool bancaire local, au sein duquel figurent la filiale du groupe français Société générale et Ecobank.
« Le sujet est sur la table, mais il est loin d’être bouclé », précise cependant un acteur de la place financière ouagalaise impliqué dans le dossier.
Taxes sur les produits pétroliers
Les autorités burkinabè ont en effet engagé des négociations avec les banques sur les conditions liées aux emprunts que nécessitent ces projets, qu’elles comptent rembourser grâce aux ressources propres du FSR. Ces dernières reposent sur la taxe sur les produits pétroliers, dont le montant s’élève à plus de 50 milliards de F CFA, et sur celle relative aux péages, estimée à 7 milliards de F CFA.
Parmi les projets emblématiques appelés à être financés dans ce cadre : les études (qui doivent être lancées cette année) pour le dédoublement de la voie existante et la construction d’une autoroute entre la capitale burkinabè et la frontière togolaise, ainsi que les travaux des tronçons entre Gaoua et la frontière ivoirienne via Batié, dans le sud-ouest du pays (soit environ 100 km), et entre Fada-Ngourma et Gayéri, dans l’est (environ 75 km).
Autre chantier prioritaire pour Éric Bougouma, dont le financement est pour l’instant distinct de celui du FSR : l’élargissement de l’avenue Bassawarga, un axe majeur et totalement congestionné, en plein cœur de la capitale, afin de fluidifier le trafic entre le quartier de Ouaga 2000 et le centre-ville.
Des consortiums au taquet
Côté chemin de fer, les négociations avec la filiale locale de Bolloré Transport & Logistics marquent le pas en ce qui concerne la réhabilitation de la voie ferrée Abidjan-Ouagadougou, pour laquelle le groupe français s’était engagé à injecter 400 millions d’euros au terme de la convention de concession révisée (CCR) adoptée en décembre 2018.
Désormais, l’État burkinabè mise avant tout sur le corridor ferroviaire Ouaga-Tema-Accra. Avec les autorités ghanéennes voisines, il cherche des partenaires techniques et financiers afin de constituer un partenariat public-privé (PPP) pour la construction et l’exploitation du réseau ferroviaire qui reliera les deux capitales.
La sélection finale a retenu trois groupements pour l’exécution des travaux, dont le lancement est prévu avant la fin de 2021. Il s’agit du consortium entre China Railway Engineering Group, China Railway Design et Consulting Group d’une part, et de celui entre les européens Frontline, Mota-Engil, Deutsche Bahn et Siemens d’autre part, ainsi que du groupement entre les américains African Global Development et NSA Corp et les cabinets d’ingénierie enregistrés en Grèce Race Consulting et Kalliergos.
Pour tenir compte des besoins économiques des deux pays, un nouveau tracé proposé par le comité conjoint d’experts rallonge la ligne d’environ 420 km, la portant à une longueur totale de 1 529 km. Le Burkina a par exemple demandé l’ajout d’une ligne secondaire de 218 km pour y connecter le gisement de manganèse de Tambao, en passant par la ville de Garango (Centre-Est).
Au Ghana, l’évolution du tracé prévoit une connexion avec la ville de Dambai (ouest) afin, là aussi, de prendre en compte son potentiel minier.
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