[Édito] Bénin : la démocratie selon Patrice Talon
Faut-il voir dans l’absence des principaux leaders de l’opposition à l’élection du 11 avril le symptôme d’une régression démocratique ? Fort de son bilan, Patrice Talon assume une forme de recul, destiné à éradiquer le mal qui ronge la classe politicienne depuis trois décennies.
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 2 mars 2021 Lecture : 5 minutes.
À six semaines d’une élection présidentielle atypique, à laquelle les principaux leaders de l’opposition ne participent pas et en laquelle nombre d’observateurs croient discerner la preuve d’une « régression démocratique » du Bénin sur fond de « dérive autoritaire » du pouvoir, la question de savoir comment (et pourquoi) on en est arrivé là est plus que jamais à l’ordre du jour.
Jusqu’à la révision, fin 2019, de la Constitution de décembre 1990, le Bénin comptait pas moins de 278 partis et alliances de partis (soit le double de ceux enregistrés au Sénégal et quinze fois plus qu’au Togo voisin) – ce qui, au regard de sa population (11,5 millions d’habitants), aurait pu lui valoir de figurer dans le Livre Guinness des records. Une liste de 120 membres fondateurs suffisait pour créer un parti, seule une poignée d’entre eux justifiant de la tenue d’un congrès et de comptes transparents.
Les parrainages de la discorde
Résultat : une collection hétéroclite et pagailleuse de clubs d’intérêts, souvent claniques, voire familiaux, la plupart suscités pour obtenir des financements publics et induisant une Assemblée nationale – au sein de laquelle 50 d’entre eux étaient représentés pour 83 députés – aussi émiettée qu’ingérable et improductive.
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