Liban : les Mikati, des télécoms africains à la politique
Avec une fortune estimée à plus de 5 milliards de dollars, Najib et Taha Mikati sont les hommes les plus riches du Liban. Pionniers des télécommunications en Afrique, ils se sont aussi hissés au premier rang de la politique libanaise.
Dans les rues de Tripoli, les portraits de Najib Mikati sont délavés. Son visage rond ne se distingue presque plus du fond violet qu’il avait choisi pour la campagne législative de 2018. Depuis, l’ex-Premier ministre et député s’affiche un peu moins. Le Liban traverse une crise politique, économique et financière sans précédent. En quelques mois, la monnaie locale a perdu six fois sa valeur, entraînant sous le seuil de pauvreté la moitié de la population.
Tripoli, la deuxième ville du pays, est aussi la plus pauvre. Ici, la majorité des habitants sont au chômage. Certains survivent grave à des petits boulots journaliers mais avec le Covid-19 et le confinement, beaucoup n’ont même plus de quoi manger. En janvier, la colère a éclaté. Plusieurs jours d’affilée, des centaines de manifestants ont bravé le couvre-feu pour hurler leur colère contre la classe politique accusée de corruption. Première fortune libanaise, Najib Mikati est dans le viseur.
« Les députés doivent s’occuper de la ville et de ses habitants. Mikati et les autres ne pensent qu’à voler de l’argent. Ils n’aiment pas ce pays et ils n’aiment pas les Libanais ! » s’emporte Ali Hussein, un épicier, père de deux enfants qui a soutenu les rassemblements.
D’abord silencieux, Najib Mikati a fini par réagir quand un centre culturel opéré par sa fondation caritative a été vandalisé par les manifestants. « Si l’armée n’arrive pas à contrôler la situation, je vais devoir moi-même prendre les armes pour me protéger ainsi que mes biens »dit-il à la télévision. Les forces de l’ordre, pourtant, n’ont pas lésiné sur les moyens. Bilan d’une semaine de manifestations dans la ville du Nord : un mort et plus de 300 blessés.
Acteurs télécoms de premier plan
Nés à Tripoli dans les années 1950, Najib et son frère ainé Taha auraient pu se retrouver parmi ces Libanais qui ont tout perdu du jour au lendemain. Avant eux, la famille compte quelques religieux musulmans sunnites, des commerçants, mais pas d’hommes politiques ni de millionnaires.
À la fin des années 1970, Taha, comme beaucoup d’enfants de la classe moyenne, part s’installer aux Émirats arabes unis. Il y fonde une entreprise de travaux publics et développe en parallèle un service pionnier alors réservé à une clientèle très haut de gamme : l’installation de téléphones dans les voitures.
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