Au coeur des priorités

Publié le 13 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Trente-sept pays à travers le monde ont été frappés par les « émeutes de la faim » au cours des dernières semaines, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La Tunisie a échappé à ces manifestations souvent violentes, mais elle n’est pas moins directement concernée par l’explosion généralisée des prix des denrées de première nécessité et par l’augmentation continue des importations de produits agricoles. Pour elle aussi, cette conjoncture inédite représente une véritable bombe à retardement. Comment le gouvernement tunisien sortirait-il indemne face aux débordements légitimes d’une population réclamant du pain ? Le phénomène doit donc faire réfléchir à la façon de mieux revenir à ce fondamental : l’agriculture locale sert avant tout à nourrir le plus grand nombre et à limiter la dépendance d’un pays vis-à-vis de l’extérieur. Un principe élémentaire, me direz-vous, mais que les politiques à la serpe, imposées depuis des années par les bailleurs de fonds internationaux aux pays du Sud, ont totalement éludé.
Sur ce point, l’agriculture tunisienne est un cas d’école. Sa modernisation a incontestablement permis d’améliorer les rendements et de passer à un mode plus intensif. Le secteur primaire occupe toujours une place importante et contribue à la forte croissance économique du pays. Quant aux entreprises agro-industrielles, elles sont les principaux pourvoyeurs d’emplois. Mais cette évolution en apparence positive a, en même temps, fragilisé les filières agricoles ; les priorités étant allées vers les exportations jugées plus rentables. À la demande de la Banque mondiale, certaines cultures ont été abandonnées. Les Tunisiens eux-mêmes, surfant sur la hausse de leur niveau de vie, ont modifié leur comportement de consommation pour plébisciter les produits venus d’ailleurs. Résultat, la Tunisie – autrefois grenier du Maghreb – satisfait à peine la moitié de la demande locale en blé, et le déficit commercial sur les produits de base ne cesse de se creuser. De plus en plus vulnérable, le modèle tunisien a vécu.
Concilier les exportations à forte valeur ajoutée et l’accroissement des productions pour le marché domestique, tel est le défi posé aux autorités du pays. Lesquelles semblent en être parfaitement conscientes. Dès 2007, le gouvernement tunisien a remis « l’autosuffisance alimentaire » au cÂur des priorités, notamment par un soutien financier accru aux agriculteurs, et l’appui à de nouveaux moyens de production intégrant les biotechnologies. Le processus sera long et coûteux. Mais il est la garantie d’une meilleure sécurité et, au-delà, un vrai facteur de paix sociale.

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