Hama Amadou emprisonné au Niger : l’après-Issoufou débute par un bras de fer
Entre la détention de l’ex-Premier ministre et le rejet par Mahamane Ousmane de la victoire de Mohamed Bazoum à la présidentielle, le Niger est plongé dans un nouveau bras de fer entre le parti au pouvoir et l’opposition.
Cette route, Hama Amadou la connaît par cœur. Dans la soirée du lundi 1er mars, l’opposant et ancien Premier ministre a une nouvelle fois pris le chemin de Filingué, à un peu moins de 200 kilomètres de Niamey, où il venait de passer trois jours en garde à vue. Son convoi est surveillé par un blindé des forces armées nigériennes. Même dans cette région, les routes ne sont pas sûres.
À bonne distance du convoi, son avocat, Boubacar Mossi, suit le même chemin. Il le connaît par cœur lui aussi. Lors des incarcérations précédentes de son client à la même prison de Filingué, le juriste était un visiteur assidu. Cette fois encore, il ne décolère pas. Hama Amadou, placé sous mandat de dépôt et dont la santé est fragile, est sous le coup d’une multitude de chefs d’accusation.
« Incitation à la violence et à la haine ethnique »
Selon les services du procureur, l’ex-Premier ministre est poursuivi pour « complicité de dégradation de biens », « incitation à la violence et à la haine ethnique », « propagande régionaliste » et « propos à caractère raciste ». Hama Amadou est soupçonné d’être le principal instigateur des manifestations ayant suivi l’annonce des résultats de la présidentielle, le 23 février dernier.
Les troubles avaient fait deux morts et ont conduit à l’interpellation de 468 personnes, selon le ministre de l’Intérieur. Le procureur lui reproche également une série de propos – que les autorités jugent ethnicistes – tenus lors de meetings pré-électoraux de l’opposition et lors de la campagne.
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