Vos lettres ou e-mails sélectionnés

Publié le 13 mai 2003 Lecture : 9 minutes.

Dévorer l’Irak
Certes, l’Irak avait un père autoritaire, sévère, parfois injuste. Mais maintenant, il est orphelin et à la merci de charognards qui l’ont poussé à la décadence, qui veulent le réduire à l’âge de pierre pour mieux s’en emparer et le dévorer.
ABDOULAZIZ HAMZI
Bruxelles, Belgique

Retour au colonialisme
Le colonialisme revient à la mode : la première colonie du XXIe siècle, c’est l’ Irak. Je me demande quelle sera la deuxième ? Les Américains et Anglais ont légitimé le vol du pétrole irakien. Avant leur invasion, ils ont menti effrontément à tout le monde en disant que les Irakiens avaient des armes de destruction massive. Si c’était vrai, pourquoi n’ont-ils pas laissé aux inspecteurs de l’ONU la responsabilité de les détruire sans problèmes ? Mais les Américains veulent la mort et l’esclavage. Je pensais que colonialisme était fini, mais il est vigoureusement de retour. Pour leur confort, ils sont prêts à tuer et à voler ! C’est le primat absolu de la force sur la loi. Bizarre époque que la nôtre
JOÃO NASCIMENTO
Lisbonne, Portugal

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Victoire
La matraque nous maltraite
Il faut mettre la main sur la tête
Et rester muet devant ce compromis
On a besoin de vivre
Mais où ça nous mène ?
De chaque coté, le brouillard me couvre
et une voix me harcèle
« Tu es un cadavre »
Je suis prêt à mourir pour ma patrie
Je suis prêt à chanter pour un coeur meurtri
Je reste et je demeure
« À moi la victoire »
Pas besoin de jouer au martyr
Peuple c’est plus le moment de changer
De faire de notre cité verdâtre
Une cité éclatante
IBRAHIMA SORY SYLLA
Conakry, Guinée

Routes camerounaises
Depuis quelque temps, les accidents de la circulation font rage sur les routes camerounaises. Ainsi, le 29 avril, l’éminent professeur de droit public Roger Gabriel Nlep y a laissé sa vie. Explication : excès de vitesse, fatigue des conducteurs, surcharge et mauvais état des véhicules, stationnements dangereux… Selon moi, ce sont les routes qui ne sont pas bonnes. Pour réduire le nombre d’accidents, il faudrait construire davantage de routes, mieux les entretenir et revoir le permis de conduire.
EMMANUEL BAYOCK
Douala, Cameroun

Dilemme
Le président Jacques Chirac est coincé entre le marteau et l’enclume. En prenant l’initiative de passer un coup de fil à Georges W. Bush, il semble avoir regretté ses prises de position sur la guerre de l’Irak ? Il se trouve ainsi devant un dilemme : comment donner raison à Bush sans perdre la face et surtout la bonne image qu’il a acquise auprès de la communauté internationale ?
ANNE TACHOM
Douala, Cameroun

Mains invisibles
Les jours que vit ma patrie, Haïti, sont propres à détruire moralement tout Haïtien. Sans nier les responsabilités et complicités intérieures, je ne saurais occulter les mains invisibles de l’extérieur qui continuent de faire tout pour maintenir mon pays dans une impasse infernale. Ce qui se passe chez moi n’est pas étranger à cette politique de déstabilisation menée tambour battant par les puissances néocoloniales. Elles financent et soutiennent les apatrides locaux avec pour mission de créer le chaos. Quand elles n’interviennent pas elles-mêmes.
BERTRAN B., Ottawa, Canada

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La 4e illusion
Je suis opposé à la limitation des mandats. Seul le peuple a le droit d’éliminer les candidats qui ne lui conviennent pas. Mais la manipulation des lois électorales en Afrique est un signe de faiblesse démocratique. Elle se traduit par la dictature de la majorité sur la minorité. Le président togolais Eyadéma a accepté de se représenter à la prochaine élection au nom de « la paix et de la stabilité » c’est-à-dire de l’immobilisme. Il a été poussé par ceux qui vivent sous son ombre de revenir sur sa promesse de ne pas se représenter. La démocratie africaine devient la quatrième illusion africaine après celles de l’indépendance, du monopartisme et de la libéralisation économique.
ROMAIN PIERRE MIENAHATA
Chercheur, Brazzaville, Congo

Président patriote
La Guinée a toujours souffert de ses enfants, de leur fourberie, de leur manque de patriotisme. Les Guinéens se sont entretués pendant la lutte pour l’indépendance. Après, plusieurs complots ont marqué le régime totalitaire de Sékou Touré. Sous celui de Lansana Conté, les Guinéens de l’extérieur ont pu rentrer. Ils ont exigé le multipartisme intégral dans le seul dessein de créer et d’entretenir l’ethnocentrisme pour la conquête du pouvoir. Avant leur arrivée, toutes les ethnies vivaient paisiblement et harmonieusement. Après avoir joué sur tous les terrains, ces intellectuels luttent aujourd’hui pour envisager l’après-Conté. Le meilleur, c’est Sidya Touré, qui a investi dans quelques entreprises. Les autres n’ont rien fait pour le pays. Ils nous opposent les uns aux autres. Après quarante-cinq ans d’indépendance, les Guinéens n’ont ni électricité, ni eau courante, ni logement. Et pourtant leur pays est, dit-on, l’un des plus riches de l’Afrique de l’Ouest. La Guinée a aujourd’hui besoin d’un président patriote.
BOUNTOU CAMARA
France

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J.A.I. antiaméricain
Je vous félicite pour votre magazine que je trouve vraiment intelligent et pertinent. Je voulais juste signaler que je trouve désagréable que votre journal puisse pécher par partialité. J’ai remarqué qu’outre votre opposition à la guerre américano-britannique en Irak vous êtes antiaméricain… en tout cas, vous n’êtes pas des pro-Bush ! Dans son « Post-scriptum », Fouad Laroui (que j’admire beaucoup) s’amuse à faire passer Bush pour un idiot en série. Je crois qu’on ne doit pas détester un pays à cause de ses leaders. Je préférerais que vous vous concentriez sur le bon côté des choses sans toutefois masquer vos positions, il va de soi ! Par exemple, en parlant de la liberté du peuple irakien qui vivait vraiment l’enfer sous Saddam.
ECCLÉSIASTE DEUDJUI
Yaoundé, Cameroun

Réponse : Critiquer la
politique de Bush ou s’opposer
à la guerre ne fait pas
de nous des « antiaméricains ».

Lettre de Moscou
Chaque mardi, je reçois la revue Jeune Afrique/l’intelligent. À mon avis, elle est irremplaçable pour tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique et au Moyen-Orient.
Vous avez une équipe formidable qui compte des grands noms, des connaisseurs des problèmes africains et arabes. Je suis sûr que la création d’une nouvelle revue bimestrielle permettra à vos collaborateurs de montrer les nouveaux aspects de leurs talents. J’attendrai avec impatience la sortie du premier numéro.
Réponse : Le premier numéro de La Revue de l’intelligent, publiée tous les deux mois, paraîtra le 22 mai 2003.
VLADIMIR IORDANSKY
Moscou, Russie

Impuissance arabe
Dans l’un de vos « Ce que je crois », vous avez dit, à juste titre, que la guerre du Golfe II est une guerre israélo-anglo-américaine. Vous auriez pu y ajouter le volet arabe. C’est une guerre arabo-israélo-anglo-américaine. Parce que, selon moi, les pays arabes, « frères de l’Irak et des Irakiens » ont cautionné cette guerre. Certains par leur mutisme (un proverbe arabe ne dit-il pas que « le silence est un signe d’approbation »), d’autres par une participation active. Ils ont assuré aux conquérants le gîte et le couvert. Tout cela est la preuve de l’inutilité de la Ligue arabe et de l’impuissance des dirigeants arabes.
SAMEH DARRAJ
Tunis, Tunisie

« Saddam, tu me manques »
Il semble que Washington ait sous-estimé le vide politique engendré par le coup de grâce porté à Saddam. Bush se trouve maintenant face aux redoutables chiites. Il ne sait comment sortir de ce bourbier. Le spectre d’une deuxième République islamique dans le Golfe évoque le douloureux souvenir de l’humiliation américaine de 1979 en Iran. La méconnaissance de Bush de la mosaïque ethnique, religieuse et culturelle de l’Irak plonge tout le Moyen-Orient dans le doute et l’incertitude. Malgré sa victoire, la Maison Blanche déchante. Bush, qui a besoin d’un homme fort, semble dire : Saddam, tu me manques.
SAAD HASSAN
Bagneux, France

Éviter la catastrophe
Je me sens en fraternité totale avec les Irakiens et tous les autres peuples qui souffrent. Les Américains ne peuvent que nous entraîner à la catastrophe s’ils s’obstinent à ne pas laisser ce peuple prendre librement la direction de son choix dans la dignité. La foi islamique est amour et tolérance, déformée à présent par trop de douleur et de souffrance, trop d’ignorance, trop de manipulations politiques.
Béatrice ARNAC
Le Bugue, France

Triomphe sans gloire
Par mer, par air et par terre, la haute technologie a vaincu en moins d’un mois. Sans trouver, à ce jour, la moindre arme de destruction massive ! « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! » Amère victoire donc avec un « couronnement » inattendu : sortis des décombres et des bas-fonds, « les voleurs de Bagdad » ont remercié « leur libérateur », devant les caméras, leur butin sous le bras ! S’agissant de l’or, il n’a jamais été aussi noir dans la nuit irakienne. Porte-t-il le deuil de tous ceux qui se sont sacrifiés pour lui ? Ou porte-t-il son propre deuil : celui d’une richesse qui n’aura servi qu’à édifier des rêves de puissance sur des sables mouvants
OTHMAN GHARBI
Tunis, Tunisie

Islam et laïcité
Je voudrais souligner la pertinence de l’article de Ridha Kéfi sur la Tunisie : « Leçons irakiennes » (n° 2208). L’islam est mûr pour un aggiornamento semblable à ce qu’a été pour l’Occident l’apparition de la laïcité. Il est aujourd’hui largement reconnu que la laïcité a été, et reste, un des éléments moteurs de l’avancée de l’Occident depuis deux siècles. Or, selon une interprétation traditionnelle, l’islam est à la fois din wa daoula (« religion et État »). Ce qui apporte une justification religieuse de tout et de rien, y compris pour des actions terroristes. De là l’impérieuse nécessité pour les musulmans de séparer ces deux sphères s’ils veulent vraiment faire accéder leur civilisation au monde moderne et mieux contribuer à son développement.
YVAN CLICHE
Montréal, Canada

Du mobutisme sans Mobutu
‘Depuis 1998, le Congo-Kinshasa est en proie à une guerre qui oppose les forces gouvernementales et ses alliés aux rebelles soutenus par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
La population civile est la principale victime de ce conflit. Malgré les accords de paix, Kabila est vraiment loin d’engager le pays dans un processus de démocratisation. Le système Mobutu, que le peuple congolais avait honni, continue bel et bien son chemin. Il a seulement changé de nom : on est passé du mobutisme au kabilisme. Kabila et son gouvernement devraient plutôt mettre fin à la guerre inutile, travailler pour l’intérêt général de la nation et rendre au peuple congolais sa dignité et sa liberté.
KUMBI LEWULA
Allemagne

Échange d’expériences
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la proposition de Gérard Simon, ancien ambassadeur au Burkina (n° 2206), sur l’emploi de cadres africains dans des ambassades françaises. J’y ai retrouvé nombre d’aspects qui rejoignent des pistes déjà explorées auprès d’une ambassade de France dans un pays africain. Je souhaite échanger avec lui afin d’approfondir cette idée.
ALPHA DIALLO
Grenoble, France

À Joseph Kabila…
(Tout le peuple congolais vous remercie. Sous votre mandat, un grand pas a été accompli dans l’instauration d’un véritable État de droit dans le pays. Continuez ainsi et vous entrerez par la grande porte dans l’histoire du Congo-Kinshasa. Les anciens dirigeants ont brillé par leur manque de patriotisme et la poursuite de leurs intérêts personnels au détriment du bien-être du peuple. C’est vrai, rien n’est définitivement acquis, mais vous êtes dans le droit chemin en vue de l’accomplissement des aspirations de la nation.
SERGE MBATA
Amiens, France

Dirigeants charismatiques
Depuis plus de quatre ans, mon pays est divisé en quatre fractions animées par l’enrichissement personnel. Les Nations unies ont eu le mérite de dénoncer le pillage des richesses de notre sous-sol. Mais des rebelles continuent à tuer et à massacrer les civils. Kabila II pourra-t-il devenir un démocrate ? J’en doute. Aujourd’hui, la RDC ne compte pas de dirigeants politiques charismatiques ayant une vision noble de l’avenir et du bien-être du peuple.
MAKANDA MATUMONA
Emmerthal, Allemagne

Méconnaissance
Dans votre « Arrêt sur image » (J.A.I. n° 2197, p. 20), vous avez identifié « Al Beït al Haram » comme la « Pierre noire ». Ceci prouve votre méconnaissance du sujet. Sachez que la Kaaba est une chambre vide avec six piliers à l’intérieur. Elle a une forme cubique incluant la partie nord de la « chambre » qui n’a pas été finie et qu’on appelle « al Hijr ».
DEAN GHODHBANE
Shiga, Japon

Réponse : Merci de votre éclairage. La Kaaba est
aussi célèbre sous le nom
de « Pierre noire », cette
pierre sacrée (40 cm de diamètre)
scellée dans le mur
sur son angle oriental.

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