Un manifestant nommé Rawlings

Le principal parti d’opposition a battu le pavé pour protester contre la politique du gouvernement. En tête du cortège,l’ancien chef de l’État.

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 1 minute.

Pour la première fois depuis son départ volontaire du pouvoir, Jerry Rawlings, l’ancien président du Ghana, est descendu dans les rues d’Accra, le 6 mai, pour protester, aux côtés du leader actuel de son parti, John Atta Mills, contre l’action politique et les contre-performances économiques du gouvernement de son successeur, John Agyekum Kufuor, du Nouveau Parti patriotique (NPP).
Environ cinq mille militants du Congrès national démocratique (NDC), le principal parti d’opposition, ont manifesté pacifiquement entre la place Kwame-Nkrumah et le quartier du marché, au centre de la capitale.
La « marche pour la survie » est la première manifestation de protestation depuis l’élection présidentielle de décembre 2000. Le NDC dénonce une inflation toujours galopante (même si elle a baissé de 40 % à 29 % depuis que Kufuor est en place), la corruption des fonctionnaires et la politique fiscale du gouvernement. Le doublement du prix de l’essence est l’un des griefs principaux du NDC. « En quatre mois, le coût de la vie a doublé pour le Ghanéen moyen », a expliqué John Mahama, un porte-parle du NDC.
Contrairement aux craintes exprimées quelques jours avant la manifestation, celle-ci n’a entraîné aucun débordement, ni du côté des manifestants, ni de celui de la police. « Le NPP nous tue lentement », « Kufuor nous déçoit »… Les pancartes et les slogans étaient ceux d’une manifestation classique. Si le NDC attendait une mobilisation plus importante des Ghanéens, la marche du 6 mai a montré une fois de plus que le Ghana prenait définitivement le chemin de la démocratie, laissant d’anciens dirigeants, militaires de surcroît, s’exprimer librement dans la rue à environ un an et demi de la prochaine présidentielle. Le porte-parole du NDC a même accusé le nouveau gouvernement d’abus de biens sociaux, dénonçant l’achat de 4×4 dans certains ministères. Alors que la banque britannique HSBC réclame toujours plus de 1 million de dollars au Ghana pour un prêt qu’elle avait accordé au gouvernement pour l’achat d’un jet privé… un avion acquis par Rawlings et dont Kufuor a toujours refusé de se servir.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires