Une occasion en or

Le métal jaune s’est rapidement imposé comme la première source de devises du pays.

Publié le 12 mai 2003 Lecture : 3 minutes.

Le coton, traditionnellement premier poste d’exportations du pays, a été supplanté par l’industrie minière en 1999. Grâce à une réforme audacieuse de son code minier, le Mali a réussi à attirer les grandes compagnies internationales. L’or est depuis devenu le minerai le plus exploité. En l’espace de cinq ans, de 1998 à 2002, la production du métal jaune est passée de 21 tonnes à 66 tonnes, auxquelles il convient d’ajouter les 3 t extraites annuellement de façon artisanale. Une performance record comparée au début des années quatre-vingt-dix, où la production ne dépassait guère les 10 t.
Cela place le Mali à la troisième place des pays producteurs du continent, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana, qui ont produit respectivement 395 t et 78 t en 2002. L’or a rapporté au Mali 400 milliards de F CFA (610 millions d’euros) de recettes d’exportation en 2002 (contre 327 milliards en 2001), et près de 56 milliards de F CFA en impôts, taxes, redevances et dividendes payés à l’État par les compagnies étrangères (contre 33 milliards en 2001). Sans compter les effets induits sur l’économie : conformément au code des investissements qui leur est imposé, les compagnies réinjectent 35 % à 40 % de leur chiffre d’affaires dans le pays, soit 120 milliards de F CFA en 2001. Et plus de deux mille deux cents Maliens sont employés sur les sites d’exploitation.
Trois gisements réalisent la quasi-totalité de la production. Morila, le plus important, est géré par la société Morila S.A., détenue par les entreprises sud-africaines Anglogold (40 %) et Randgold (40 %), et par l’État malien (20 %). Il en est sorti 38,9 t d’or en 2002, contre 4,2 t en 2000, date de son entrée en production. Le gisement de Sadiola, inauguré en 1997, vient en deuxième position avec 16 t. Il est exploité par la Société d’exploitation des mines d’or de Sadiola (Semos), qui regroupe Anglogold (38 %), l’entreprise minière canadienne Iamgold (38 %), à l’origine de sa découverte, l’État (18 %) et la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) à hauteur de 6 %. Yatéla, derniers des trois « grands », affiche, avec 8,6 t, une production plus modeste.
Malgré ces résultats appréciables, la baisse des cours mondiaux, durant les deux dernières années, a fortement secoué le secteur. Elle a entraîné une diminution des investissements et la suspension de certains projets d’exploitation, comme ceux des sites de Kalana, de Loulo et de Kodiéran. Les études avaient été faites sur la base de 350 dollars l’once d’or, mais celle-ci a chuté jusqu’à 290 dollars en 2002. La remontée des cours observée au début de cette année a toutefois relancé l’exploration. Ce qui ne peut être qu’une bonne nouvelle pour le secteur, car, malgré des réserves estimées à 600 t, les gisements en cours d’exploitation devraient être épuisés en 2010. La production dans les sites de Morila, Sadiola et Yatéla devrait d’ailleurs commencer à décliner à la fin de cette année.
L’État ne s’y est pas trompé. Fin 2002, il avait été délivré cent vingt-huit permis de recherche. C’est ainsi que le canadien Nevsun Gold explore les sites de Ségala, de Kalana et de Tabakoto (dont les réserves sont évaluées à 64 t) ; l’entreprise sud-coréenne Yunday Corporation sonde le gisement de Kéniéba ; New Gold, un consortium canado-malien, prospecte à Kangaba. À moyen terme, on peut espérer de bonnes choses de l’entrée en production, en 2005, des mines de Kodiéran (exploitée par Wassoul’Or, société privée malienne) et de Loulo (détenue à 80 % par Randgold et à 20 % par l’État). Quoi qu’il en soit, les incertitudes sur les perspectives aurifères ont l’avantage d’inciter à la diversification. Les attentions se portent désormais sur le cuivre, le nickel, le manganèse, le marbre ou l’argile, mais aussi sur les domaines énergétiques – pétrole et gaz – et diamantifères…

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